Le cynisme suprême – le 20 juin, on fête la «Journée Mondiale des Réfugiés»

Plus de 50 millions de personnes dans le monde ont du fuir leur foyer - ils n’ont pas besoin d’une journée dédiée à la communication politique, mais de l’aide. Vite.

Etre réfugié, cela peut arriver à n'importe qui. Foto: Peinture - Karl Glatt; fichier Markus Glatt / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

(KL) – Ah, on aime bien lire de belles déclarations comme celle du Haut Commissaire des Réfugiés de l’Assemblée de l’ONU, Antonio Guterres : «Partout dans le monde, des familles doivent fuir la violence. Les chiffres sont énormes, mais nous ne devons pas oublier qu‘il s‘agit de mères et de pères, de fils et de filles, d‘êtres humains comme toi et moi – avant que la guerre ne les a obligé de prendre la fuite. En cette Journée Mondiale des Réfugiés, nous devrions tous nous souvenir de ce qui nous unit : notre humanité partagée»… Les réfugiés à la frontière entre la Turquie et la Syrie, sur la Méditerranée ou dans le Pacifique devant les côtes australiennes, doivent rire jaune en entendant cela.

Non, bien sûr, c’est important d’organiser de telles journées de sensibilisation, de compassion, de prise de conscience. Mais sérieusement, aujourd’hui, le monde entier est conscient de ce qui se passe – et on a du mal à comprendre pourquoi nos responsables politiques mènent une politique aussi cruelle et cynique à l’égard de ceux qu’on «fête» ce 20 juin. Pour rappel – l’Australie laisse crever des réfugiés devant les côtes de son immense territoire, l’Europe a transformé la Méditerranée en une tombe de masse et entre la Turquie et la Syrie, de milliers de réfugiés sont pris au piège entre l’armée turque et l’Etat Islamique. En réponse, nous organisons une «Journée Mondiale des Réfugiés»…

Plus personne ne peut clamer son ignorance de ces catastrophes humaines qui tuent quotidiennement. Personne ne peut ignorer que nos pays qui se disent «civilisés» portent une grande responsabilité dans l’instabilité des pays d’où partent le plus de réfugiés. Nous n’avons plus besoin d’être sensibilisés, ce sont les responsables politiques qui doivent faire appel à leur sensibilité et se mettre, enfin, à prendre des mesure qui ne visent pas la «dissuasion», mais l’assistance à des personnes en danger de mort.

Les responsables politiques européens devraient être exclus d’office de toute action dans le cadre de cette Journée Mondiale. Ce sont eux qui ont refusé de contribuer au programme «Mare Nostrum» financé par l’Italie et qui, contrairement à ce que fait l’UE aujourd’hui, visait à sauver des réfugiés en haute mer. Ce programme a été abandonné, parce que les politiques européens préfèrent bombarder des villages sur les côtes africaines pour «dissuader» les réfugiés de confier leurs vies à des passeurs criminels et sans scrupules. Tout en perfectionnant, dans le même cadre, la coopération entre les services secrets. Hormis le fait que cette guerre sans précédent ne repose sur aucun mandat juridique et constitue probablement même une infraction au droit international, cette approche est largement plus onéreuse que «Mare Nostrum». Et elle est cynique, car le terme «dissuasion» suggère que ceux qui fuient devant la guerre, la guerre civile, la famine, la sècheresse, l’oppression ethnique et religieuse, aient un choix. Ils n’ont pas de choix, ils risquent leurs vies pour pouvoir la garder. Et nous, on parle de «dissuasion» !

La communauté internationale, la richissime Europe en premier lieu, ne doit pas célébrer une «Journée Mondiale des Réfugiés» qui est principalement destinée à calmer notre mauvaise conscience, mais elle doit agir. Rétablir et étendre au plus vite des programmes comme «Mare Nostrum». Créer des structures d’accueil, tout en investissant dans les pays en crise pour permettre aux gens de vivre chez eux en sécurité, en paix et en dignité. Bien sûr, la solidarité individuelle est importante et tout un chacun peut faire quelque chose pour faciliter la vie des réfugiés qui se trouvent chez nous malgré eux. Mais c’est à la politique d’intervenir. Quand on pense à ce qu’on aurait pu faire pour les réfugiés du monde avec les 300 millions d’euros que les G7 ont claqué lors de leur sommet en Bavière…

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