Le danger de l’extrême-droite allemande

L’extrémisme de droite allemand n’a rien à voir avec celui qui sévit en France. En Allemagne, les néonazis sèment à nouveau la terreur dans la rue – la montée en puissance de l’AfD est plus qu’inquiétant.

Les seuls qui ne voient toujours pas le danger des néonazis allemands,ce sont les dirigeants du pays... Foto: Marek Peters / www.marek-peters.com / Wikimedia Commons / GNU 1.2

(KL) – C’est la gueule de bois en Allemagne, du moins chez ceux qui croient encore en la démocratie. L’AfD, donc l’extrême-droite, est devenue la deuxième force politique à l’Est du pays, mais cette vague brune déferlera aussi au niveau national. « Un peu comme dans de nombreux autres pays », pourrait-on penser ; mais l’extrême-droite allemande est bien différente de celle d’autres pays. La politique ne sait pas comment répondre à ce fléau, la justice ferme les deux yeux et cette extrême-droite continue son essor, portée par des groupes néonazis et violents.

Pendant la première moitié de l’année 2019, les autorités ont enregistré 8605 délits faisant 179 blessés que l’on peut attribuer à des groupes d’extrême-droite (sur l’ensemble de l’année 2018, les autorités ont enregistré 20431 crimes et délits de cette nature). Malgré le fait que les autorités aient pu identifier 2625 suspects, seulement 23 personnes ont été inculpées, ce qui nourrit le sentiment que la justice ne poursuit pas ces délits et crimes avec beaucoup d’enthousiasme.

Face à l’inertie des autorités, les groupes néonazis se sentent presque dans l’impunité et deviennent de plus en plus violents. Le meurtre du Regierungspräsident (Préfet) Walter Lübcke à Kassel a été « justifié » par le meurtrier par l’attitude positive de Lübcke dans l’accueil de réfugiés – il s’agissait d’un meurtre politique qui faisait penser aux années à la fin de la République de Weimar.

La montée de l’AfD, dont certains cadors comme l’ultranationaliste Bernd Höcke affichent ouvertement leur proximité avec des groupes néonazis, est plus qu’inquiétante. Ces groupes disposent maintenant d’un « bras parlementaire » qui ne cesse d’augmenter sa présence dans tous les parlements, que ce soit au niveau communal, régional ou national.

Les partis traditionnels ne savent plus comment réagir et tentent de minimiser cette évolution. « Les électeurs de l’AfD ne sont pas tous des nazis », expliquent-ils, en espérant de pouvoir récupérer une partie de leur électorat ayant rejoint les rangs de cette extrême-droite.

L’AfD n’est plus une épine dans le pied, mais ce parti, avec son électorat, devient une menace pour la démocratie allemande que l’on pensait plus stable que ça. Il ne faut pas oublier que les pires des criminels politiques dans l’histoire récente sont presque tous arrivés au pouvoir par des élections démocratiques. Est-ce que l’Allemagne joue un « remake » des années 30 du siècle dernier ?

La seule chose encourageante, c’est que les résultats des élections régionales au Brandebourg et en Saxe obligent maintenant les partis traditionnels, en chute libre, de joindre leurs forces pour faire barrage à cette extrême-droite violente. Malgré eux, ils découvrent maintenant que seule une politique résolument orientée vers le bien commun et les citoyens et citoyennes pourra les sauver. Surmonter les clivages, ce n’est pas évident. Et pourtant, ce sera une nécessité absolue, la seule voie pour empêcher que l’Allemagne retombe dans les travers de l’Histoire.

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