Le début de la fin de l’époque Merkel ?

Lors des élections régionales en Mecklenburg-Vorpommern, la CDU d'Angela Merkel se fait dépasser par l'extrême-droite de l'AfD. Un désastre pour les partis traditionnels.

Les logos ne suffisent plus - il faut trouver des réponses politiques à la montée de l'extrême-droite. Foto: Rimbob Schwammkopf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Ce que la chancelière allemande Angela Merkel avait redouté le plus, est arrivé. En enregistrant son plus mauvais résultat jamais réalisé dans ce Land du nord-est de l’Allemagne, la CDU tombe derrière l’extrême-droite de l’AfD – un désaveu pour la politique d’Angela Merkel et de toute la Grande Coalition à Berlin. Les Verts, eux, loupent l’entrée dans le parlement régional à Schwerin, tout comme un autre parti de l’extrême-droite, le NPD. Et l’AfD, avec 21,2 % des votes, devient le deuxième parti derrière le SPD.

Les chiffres : Le SPD reste le parti le plus fort avec 30,4% (-5,2%), l’AfD obtient 21,4% (+21,4%), la CDU ne totalise que 19,1% (-3,9%), Die Linke obtient 12,9% (-5,5%), les Verts (4,9%), le NPD (3,0%) et le FDP (2,9%) n’entreront pas dans le prochain parlement régional du Land.

Ce résultat donne deux options pour des coalitions du prochain gouvernement du Meckenburg-Vorpommern. Soit, le gouvernement sortant SPD-CDU sera reconduit (avec 42 sièges sur 71), soit le SPD tente l’aventure avec un gouvernement de « gauche », en formant une coalition « rouge-rouge » avec Die Linke – cette coalition disposerait de 37 sièges, donc d’une majorité plus courte, mais cette coalition se situerait clairement à gauche de la CDU.

Le ministre-président Erwin Sellering (SPD) se trouve devant un choix difficile. En acceptant de reconduire la coalition avec la CDU, il priverait son parti de la possibilité de se démarquer de la CDU, ce qui pourrait coûter cher à son parti lors des élections législatives l’année prochaine. En formant un gouvernement « rouge-rouge » avec Die Linke, il devrait accepter une coopération avec l’extrême-gauche, lui donnant ainsi une visibilité et crédibilité accrues. Les prochaines semaines montront dans quelle direction le SPD évoluera.

Mais le point d’exclamation de ces élections régionales, c’est le score de l’AfD qui participait pour la première fois aux élections régionales en Mecklenburg-Vorpommern et qui, avec ses positions nationalistes et xénophobes, se situe du coup comme la deuxième force politique du Land, apportant ainsi la preuve qu’il y a de la place dans le paysage politique à droite de la CDU. Si l’AfD a « cannibalisé » son concurrent à l’extrême-droite, le NPD (qui perd 3,0% et échoue, avec 3,0% à la barre des 5% nécessaire pour entrer dans un parlement allemand), elle a su canaliser l’aversion que de nombreux Allemands ont développé contre la politique de la chancelière. Force est de constater que l’ensemble des partis traditionnels a perdu des votes (malgré une participation de plus de 60%, 10% de plus que lors des dernières élections régionales en 2011) – le seul parti ayant gagné des votes étant l’AfD.

Les partis traditionnels doivent se poser des questions – l’extrême-droite allemande a le vent en poupe, à l’instar de ce qui se passe également dans d’autres pays européens. Avec son discours nationaliste, anti-européen et xénophobe, les populistes de l’extrême-droite font appel à un électorat qui veut protester contre le pouvoir en place à Berlin.

Bien sûr, il ne s’agissait dimanche « que » d’élections régionales, mais le vote du Mecklenburg-Vorpommern envoie un message fort à Berlin – l’extrême-droite est en train de monter et si la politique berlinoise n’arrive pas à mieux réagir aux attentes de la population, les élections générales de l’année prochaine risquent de réserver des surprises. De très, très mauvaises surprises.

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