Le démontage de la chancelière Angela Merkel

Juste au moment où elle fête ses 10 ans à la tête du gouvernement allemand, Angela Merkel perd son autorité politique, autant en Allemagne qu'au niveau européen. L'ère Merkel touche à sa fin.

Le sourire est un peu coincé ces jours-ci - Angela Merkel doit se rendre compte d'une énorme perte d'autorité. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Le week-end, Angela Merkel, chancelière CDU, avait la mauvaise idée de rendre visite au congrès de la CSU, la «petite soeur» bavaroise de la CDU à Augsburg. Sur la scène, elle a du endurer les 13 minutes les plus désagréables qu’elle a jamais vécu lors d’un congrès d’un parti conservateur. Pendant que le chef de la CSU, Horst Seehofer, se faisait un plaisir de descendre point par point la politique de la chancelière, d’aucuns se posaient la question pourquoi la CSU reste dans la coalition gouvernementale à Berlin si sa position est aussi éloignée de celle de la CDU. Une fois ces 13 minutes de désaveu continu terminées, Angela Merkel quittait la salle, furieuse. Il y a encore six mois, aucun conservateur allemand aurait osé s’attaquer à la chancelière de la sorte.

Angela Merkel a perdu le soutien des siens, comme elle a perdu le soutien de l’Europe et ceci n’est même pas une bonne nouvelle pour ceux qui ont combattu sa politique pendant une décennie. Car il est clair que ceux qui viendront après Angela Merkel, seront pires. Les faucons se mettent en rangée de bataille, comme en France, et n’attendent qu’une chose : les prochaines élections pour finalement hisser au pouvoir, ceux qui prêchent la haine, ceux qui déchainent la violence, ceux qui prétendent défendre des «valeurs européennes», mais qui, dans le fond, sont aussi dangereux que les extrémistes qui leur font si peur.

Ce qui aura brisé la carrière politique de celle que le magazine «Forbes» avait qualifiée comme «la femme la plus puissante du monde», c’était le seul moment authentique, vrai, courageux pendant les trois mandatures d’Angela Merkel qui, face à la misère des réfugiés syriens devant la frontière allemande, leur avait ouvert la porte. Depuis, autant la chancelière que son parti, la CDU, dégringolent dans les sondages, tandis que les xénophobes gagnent du terrain.

Depuis 10 ans, à chaque erreur, comme sa politique d’austérité qui a poussé plusieurs pays du sud de l’Europe dans une crise économique sans précédent, les électeurs allemands et l’Europe institutionnelle avaient applaudi des deux mains. Mais au moment où Angela Merkel a pris une décision spontanée, humaniste, vraie – elle a initié sa propre chute.

Les faucons dans la CDU et la CSU, les Thjomas de Maizière, les Wolfgang Schäuble ou encore les national-conservateurs de l’AfD se frottent déjà les mains. L’Allemagne, à l’instar de la France, s’apprête à un virement à droite, très à droite, trop à droite. La peur «de l’étranger» semble aveugler les peuples qui se tournent vers des populistes qui eux, n’ont rien d’autre à proposer que l’approfondissement des fissures qui traversent déjà nos sociétés. L’Histoire se répète et le fait que le «monument Angela Merkel» soit déchu, n’annonce rien de positif.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste