Le dernier représentant de la «République de Bonn» est parti
L’ancien Président de la République Fédérale d’Allemagne Walter Scheel est décédé à l’âge de 97 ans – il comptait parmi les hommes politiques ayant marqué l’Allemagne d’après-guerre.
(KL) – Lorsque l’on parle de la « République de Bonn », cette Allemagne des années 70 et 80, on pense à des protagonistes comme Willy Brandt, Franz-Joseph Strauss, Hans-Dietrich Genscher, Herbert Wehner et – Walter Scheel. Président de la République Fédérale de 1974 à 1979, il a été l’un des acteurs principaux de l’Allemagne d’après-guerre, tout en restant modeste et connu pour être proche de la population.
En 1946, il adhérait au jeune parti libéral FDP, et entrait au parlement allemand en 1953. En 1961, il devient ministre de l’aide au développement sous le chancelier Konrad Adenauer, poste duquel il démissionnait pour mettre de la pression sur le ministre de la défense Franz-Joseph Strauss qui lui, devait ensuite démissionner. En 1969, Walter Scheel imposait l’élection du social-démocrate Gustav Heinemann comme président de la République Fédérale, irritant à la fois son partenaire de coalition, la CDU, et son propre parti – mais cette démarche était typique pour Walter Scheel qui préférait la meilleure solution à la discipline du parti.
En 1969, Walter Scheel déclenchait un séisme politique en Allemagne – il mettait un terme à la coalition CDU/FDP et s’alliait au SPD et Willy Brandt. Pour la première fois, la jeune République Fédérale avait un chancelier qui n’était pas conservateur. Walter Scheel devenait alors vice-chancelier et ministre des affaires étrangères – la « République de Bonn » prenait corps. C’est cette décision qui ouvrait la voie pour l’action de Willy Brandt, comme le célèbre agenouillement du chancelier devant le mémorial du ghetto de Varsovie. Sous la direction du tandem Brandt – Scheel, l’Allemagne ouvrit un nouveau chapitre dans sa politique avec les pays de l’est. Une telle politique n’aurait pas été possible avec les conservateurs de la CDU.
Suite à la démission de Willy Brandt après l’affaire Guillaume en 1972, la politique changeait en Allemagne et Walter Scheel s’est porté candidat pour la présidence fédérale. En 1973, il surprenait le pays en publiant une chanson (« Hoch auf dem gelben Wagen ») qui arrivait en haut dans les hit-parades – le seul homme politique allemand ayant réussi à s’imposer comme chanteur. Son album s’était alors vendu à 300 000 exemplaires et la voie était libre pour son élection comme président allemand.
En 1979, à la fin de son mandat, il s’est retiré de la politique. Ses dernières années, frappé par la maladie, il les passait dans la région à Bad Krozingen où il s’est éteint cette semaine. Avec Walter Scheel, le dernier grand représentant de cette « République de Bonn » est parti – qu’il repose en paix.
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