Le divorce douloureux de Trump et Musk

Insultes, coups bas, reproches et trahison. Tout porte à croire que le couple politique le plus en vogue des États-Unis touche à sa fin.

Elon Musk et Donald Trump le vendredi 30 mai 2025 à la Maison Blanche. Foto: The White House / Wikimedia Commons / PD

(Lucie Cardoso de Oliveira) – Cette semaine, le fragile équilibre entre Elon Musk et Donald Trump a définitivement volé en éclats. Le magnat de la tech a lancé une véritable bombe dans un tweet incendiaire. Il affirme que Donald Trump figure dans les dossiers liés à Jeffrey Epstein, expliquant ainsi, pourquoi ces documents n’ont jamais été rendus publics. Jeffrey Epstein était au centre d’un scandale majeur lié à un réseau de trafic sexuel impliquant des personnalités puissantes. Une révélation explosive, d’autant plus ironique que Trump s’est souvent vanté de tout dire au peuple américain.

Cette nouvelle rivalité fait écho à la semaine passée, où Musk a officiellement quitté son poste de conseiller spécial au sein du gouvernement américain. Malgré un pot de départ qui semblait festif, avec une clé de la Maison Blanche en or remise par Trump en guise de reconnaissance, il semblerait qu’en réalité, une rupture douloureuse ait eu lieu. Même si le dirigeant de Tesla a annoncé qu’il souhaitait rester ami et conseiller du président, c’est bien connu, en politique comme en amour, les séparations sont rarement sans rancune.

Le projet de loi budgétaire, surnommé le « Big Beautiful Bill », est au cœur des tensions. Un plan fiscal de 2,4 billions de dollars visant à réduire les incitations pour les véhicules électriques et à augmenter les dépenses de défense. En d’autres termes, Donald Trump tourne le dos à Tesla et au travail mené par Musk à la Maison Blanche depuis janvier dernier. Un plan qu’il qualifie « d’abomination répugnante qui tue l’innovation américaine », a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter). Cette querelle a eu des répercussions économiques significatives. Les actions de Tesla ont chuté de 14%, entraînant une perte de 150 milliards de dollars en capitalisation boursière. Il s’agit de la plus grosse baisse de capitalisation enregistrée pour Tesla en un seul jour.

Une relation tumultueuse - Leur rencontre a eu lieu en décembre 2016, après la première élection de Donald Trump. Le milliardaire « kétaminé » a rejoint deux comités consultatifs sur l’économie et l’emploi, lui permettant d’influencer l’administration sur les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle. Une aubaine pour Tesla qui a vu ses actions augmenter de 30% en l’espace d’un mois. Plus tard, l’idylle naissante entre les deux conservateurs perd de sa magie. La raison ? Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, en juin 2017. En réaction Elon Musk a quitté les comités présidentiels.

« Le changement climatique est réel. Partir de l’accord de Paris n’est pas bon pour l’Amérique ou pour le monde », avait-il écrit sur la plateforme Twitter (aujourd’hui X). De nombreux désaccords entre les deux milliardaires sont présents. Malgré tout en 2020, Elon Musk soutient officiellement le business man à la présidentielle. Après sa défaite aux élections, et deux jours après l’attaque du Capitole à Washington, Donald Trump a été banni de Twitter, le 8 janvier 2021. Ce n’est qu’à partir de 2022, que les choses s’accélèrent entre eux. Musk rachète Twitter, et réactive le compte de Trump. Mais par soucis d’égo, Trump refuse de revenir sur la plateforme, préférant faire concurrence avec « Truth Social ». Tout laissait déjà entendre que ces deux personnalités ne réussiraient pas à avoir une relation saine et durable.

2024 est une date clé pour leur liaison, puisque Elon Musk est devenu un soutien majeur de Donald Trump lors de sa campagne présidentielle, y contribuant à hauteur de presque 300 millions de dollars. Ils passent finalement les portes de la Maison Blanche, main dans la main, en janvier 2025, et décident d’approfondir leur alliance. Trump à la tête du pays, Musk à celle du Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE), une entité chargée de rationaliser les dépenses fédérales du pays. S’en est suivie de mois passionnés. Deux égos géants qui se frôlent, se flairent, s’attirent. L’un cherchant un génie de la technologie pour crédibiliser sa vision futuriste de l’Amérique, l’autre un piédestal politique à la hauteur de ses ambitions planétaires. « Je voulais trouver quelqu’un de plus intelligent que lui. J’ai cherché partout. Je n’ai pas pu. », avait déclaré Trump en février dernier, sur Fox News.

Une rupture anticipée - Fin 2024, l’homme d’affaires américain Mark Cuban, avait mis en garde Elon Musk contre les risques d’une relation avec Donald Trump. Il l’avait prévenu que Trump n’était fidèle qu’envers lui-même. « Au moment où tu auras le plus besoin de lui, tu découvriras, comme tant d’autres avant toi, que sa loyauté ne va qu’à lui-même », avait-il déclaré sur X. Un avertissement qui s’est confirmé ces dernières semaines. Puisqu’il semblerait que Trump ait minimisé la contribution de Musk à sa victoire électorale. « Sans moi, Trump aurait perdu l’élection », a pourtant écrit Elon Musk sur sa plate-forme. Cet échange public illustre la nature volatile des alliances politiques de Trump, et une fracture notable au sein du camp conservateur américain.

L’homme le plus riche du monde, fort de son influence médiatique et de ses ressources financières, pourrait envisager de soutenir un candidat alternatif ou de créer son propre mouvement politique. La fin de cette alliance pourrait avoir des conséquences sur les ambitions spatiales des États-Unis, puisqu’il a laissé entendre qu’il pourrait mettre fin à la collaboration entre SpaceX et la NASA, même s’il est revenu sur cette menace quelques heures plus tard. Mais au moins, on sait maintenant qu’il y pense…

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