Le droit de péage viendra sur les routes allemandes

Si les plans du ministre des transports fédéral Alexander Dobrindt (CSU) ont été modifiés, la situation dans les régions frontalières sera quand même rendue difficile.

En voyant ces appareils, la respiration d'Alexander Dobrindt s'accélère... Foto: Rike / www.pixelio.de

(WB) – C‘était l‘un des sujets d‘été dans les médias allemands – le droit de péage, sorte de «droit d‘entrée en Allemagne» imaginé par le ministre des transports Alexander Dobrindt. Qui lui, voulait introduire ce droit de péage sur l‘ensemble des routes allemandes. Suite à la publication de ces plans, toutes les régions frontalières allemandes se sont rebiffées`- et l‘Allemagne compte neuf frontières avec d‘autres pays. Après une dispute entre la CDU et sa petite sœur, la CSU bavaroise (le parti de Dobrindt), un compromis a été trouvé. Qui n‘arrange toujours pas les régions frontalières.

Les plus anciens se souviendront de cette phrase prononcée par Angela Merkel lors de la campagne électorale en septembre 2013 : «Sous la chancelière Angela Merkel, il n‘y aura pas de droit de péage sur les routes allemandes.» Belle promesse électorale. Maintenant, son ministre des finances Wolfgang Schäuble (CDU) et Alexander Dobrindt se sont mis d‘accord. Pour répondre aux soucis formulés par les régions frontalières, le droit de péage ne sera introduit que sur les autoroutes et les routes nationales, mais non pas sur les routes départementales ou communales. Du moins, ce sont les plans actuels. Des plans qui sont communiqués comme une sorte de percée en faveur des régions frontalières, mais qui ne resolvent en rien le problème dans les régions frontalières.

Dans la région du Rhin Supérieur, cela peut engendrer des situations étranges. Les automobilistes alsaciens qui se rendent en Allemagne, par exemple pour faire leurs courses (dans des villes frontalières comme Kehl, 50% du chiffre d‘affaires des commerçants proviennent de la clientèle française…), doivent non seulement choisir l‘endroit du passage de la frontière, mais également faire attention par où ils passent, une fois en Allemagne.

Concrètement : un Strasbourgeois souhaitant faire ses achats en Allemagne, sans pour autant vouloir acquérir une vignette, ne pourra plus passer par le Pont de l‘Europe pour aller à Kehl, car la RN 4 devient, dès le passage de la frontière, la Bundesstraße 28, donc, une route nationale allemande qui elle, sera assujettie au droit de péage. En passant par un autre poste de frontière, par exemple celui entre Gamsheim et Freistett au nord de Strasbourg, on passe par une route départementale et on n’a donc pas besoin d’une vignette. Les grandes surfaces situées à proximité de cet ancien poste de frontière doivent déjà se frotter les mains.

Mais même en passant par Gamsheim et Freistett, l‘automobiliste strasbourgeois n‘a pas intérêt à prolonger sa visite outre-Rhin, car si par mégarde, il emprunte un petit bout de la Bundesstraße 3, par exemple en faisant un saut à Achern (situé à seulement 6 kilomètres de Freistett), il sera déjà en infraction. Une situation pas vraiment motivante pour les Alsaciens qui voudraient se rendre en Allemagne.

Les «corrections» du premier jet de Dobrindt sont insuffisantes et le ministre fédéral des finances et député de l’Ortenau, Wolfgang Schäuble, devrait maintenant défendre avec un peu plus d‘élan les intérêts du Rhin Supérieur. Les échanges transfrontaliers dans le Rhin Supérieur sont trop importantes pour les mettre en péril de la sorte. La solution la plus simple, qui serait d‘ailleurs en conformité avec le droit européen, serait un droit de péage uniquement sur les autoroutes allemandes, comme cela se pratique dans presque tous les pays européens. Cela permettrait une libre circulation dans les régions frontalières et éviterait tout impact sur les échanges quotidiens dont nous sommes tous si fiers.

Le plus étonnant dans toute cette histoire, c‘est que Alexander Dobrindt, lui, est originaire d‘une région frontalière, la Bavière. Difficile de comprendre que Dobrindt ne voit toujours pas que les échanges transfrontaliers et donc européens ne doivent pas être rendus difficiles, mais au contraire, facilitées. La proposition de loi que Dobrindt soumettra au mois d‘octobre, a toujours le potentiel d‘affecter gravement les échanges quotidiens dans notre région.

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