Le Droit des Femmes à l’islandaise
Plus que partout ailleurs, le Droit des Femmes est important et respecté en Islande. Mais cela ne s’est pas fait sans un soulèvement des Islandaises, il y a de cela 46 ans.

(Anouchka Braig) – C’est aujourd’hui la Journée Internationale des Droits des Femmes. S’il est un pays européen où les femmes se sont battues, pour faire respecter leurs droits, et y sont parvenues, c’est bien l’Islande !
L’Islande occupe depuis douze années consécutives, la pole position du classement du World Economic Forum, en tant que pays où l’égalité des sexes est la plus respectée au monde. On ne peut que saluer cette performance, mais avant tout la force dont ont fait preuve les Islandaises pour en arriver là.
L’évènement déclenchant, du combat des femmes pour l’égalité des sexes, fut la grève du 24 octobre 1975. Elle a rassemblé 90% des Islandaises, afin de militer pour l’égalité salariale, l’égalité au foyer, leur représentation au gouvernement, et contre les discriminations et violences dont elles faisaient l’objet. Le résultat fut immédiat, et a paralysé toute l’Islande ce jour-là.
Le pays était à l’arrêt, les crèches, les écoles étaient fermées, les supermarchés, les journaux, les services de transports et de communications en étaient affectés. Descendant dans les rues, les femmes ont également laissé à leur conjoint le soin de s’occuper des enfants et la gestion du domicile. Ce qui a conduit ce jour-là, pour l’anecdote, à une pénurie de hot dogs que sont allés acheter la plupart des pères ! L’objectif fut atteint : les femmes ont prouvé qu’elles étaient indispensables à la société.
Cette journée historique conduisit cinq années plus tard, en 1980, à l’élection de Vigdís Finnbogadóttir, à la présidence de la république. Elle fut la première femme au monde élue présidente au suffrage universel, fonction qu’elle a assuré jusqu’en 1996, soit le temps de quatre mandats. En 1983, les femmes sont aussi entrées au Parlement, en créant leur propre parti politique : Alliance des Femmes (Samtök um kvennalista) qui n’existe plus depuis 1999, car il a fusionné avec le parti social-démocrate pro-européen Alliance (Samfylkingin) créé en 2000.
Actuellement, la présidence de la république est assurée par un homme : Guðni Thorlacius Jóhannesson, réélu avec plus de 92 % des voix. Mais le poste de Première Ministre, est occupé par l’écologiste et féministe Katrín Jakobsdóttir.
Les femmes ayant obtenu une place légitime au sein du gouvernement, des changements ont également eu lieu dans le monde du travail. L’égalité salariale est une obligation légale en Islande, depuis le 1er janvier 2018, pour toute entreprise de plus de 250 employé(e)s. Sa mise en place sera étendue aux PME jusqu’en 2022. Chaque entreprise doit régulièrement prouver qu’hommes et femmes de même qualification, gagnent le même salaire, sous peine d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 400€ par jour.
La parité est aussi visible au niveau du foyer. Le congé parental en Islande est de neuf mois, mais il doit être partagé entre les deux parents. La mère dispose de trois mois, le père également, et ils peuvent décider ensemble de la répartition des trois mois restants. Ces trois mois à partager ne sont cependant accordés que si le père accepte de prendre son congé paternité, et seront perdus s’il refuse.
L’avortement pose encore question en Europe. D’abord autorisé en Pologne et gratuit entre 1956 et 1993, il y est désormais interdit, sauf en cas de viol ou d’inceste, depuis octobre 2020. En Islande, l’avortement est un droit depuis 1935, même s’il était alors limité pour des raisons médicales ou sociales, comme par exemple une incapacité de prendre en charge l’enfant. Aujourd’hui il est gratuit, et les femmes disposent également d’une contraception gratuite, ce qui n’est le cas en France que pour les mineurs, afin de limiter le recours à l’IVG.
Même si l’égalité salariale est une obligation légale, les Islandaises ont tendance à disposer de moins de revenus. Occupant majoritairement des emplois moins qualifiés, elles disposent alors d’un pouvoir d’achat inférieur à celui des hommes. Mais l’Islande reste, pour l’Europe et pour le monde, un exemple en matière de droit et de parité, en cette Journée Internationale des Droits des Femmes. Si les pays scandinaves tels que la Norvège et la Suède, suivent de près cet exemple, la France ou l’Allemagne, dont l’écart salarial à fonction et compétences égales atteint respectivement 15,2% et 21,5%, ont encore une sérieuse marge de progression.
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