Le « Faust » de Goethe n’est pas fan de la géothermie

La géothermie n'a pas vraiment bonne presse en Allemagne. En 2007, suite à un incident comparable à celui de mardi dans le Bas-Rhin, le centre-ville de Staufen a été fortement endommagé.

On trouve des installations géothermiques de toute taille un peu partout - mais il faut faire attention lors des forages... Foto: Nico Kaiser from Wien, Austria / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Staufen, situé à 30 km au sud de Freiburg, est une petite ville de 7500 habitants, mais elle est connue bien au-delà du Pays de Bade. Le « Faust » de Goethe se joue en partie au château-fort de Staufen – mais cette petite ville médiévale a été fortement endommagée en 2007 lors d’un tremblement de terre survenu suite à un forage géothermique. Au centre-ville historique, la terre s’est élevée de 60 cm et a décalé ce centre-ville de 40 cm en direction nord-est. Résultat – de nombreux bâtiments présentent aujourd’hui des fissures énormes, et régulièrement, ces bâtiments sont contrôlés car ils risquent de s’effondrer. « C’est comme vivre sur un volcan », disent les habitants qui, depuis 12 ans, vivent avec l’angoisse de devoir un jour quitter leurs maisons.

Lorsque l’on parle « géothermie » en Allemagne, il convient de distinguer entre deux types de géothermie. D’une part, il y a la géothermie à basse profondeur, utilisée dans environ 350 000 foyers allemands et qui fournit de l’eau chaude directement sur place. Hormis la consommation électrique élevée pour la pompe qui envoie l’eau dans le sol où elle est chauffée par les températures plus élevées dans le sol, aucun incident n’a été enregistré avec ce type d’application. D’autre part, la géothermie à grande profondeur nécessite ces forages qui se réalisent dans une profondeur comprise entre 3000 et 6000 mètres – et là, c’est un peu la loterie.

Si les ingénieurs font leur possible pour analyser les sites et la nature des sols, à de telles profondeurs, il y a toujours des surprises. Tout peut bien se passer, mais il peut aussi y avoir des problèmes comme en 2007 à Staufen et mardi au nord de Strasbourg. Considérant ces impondérables, et aussi le coût énorme des premiers forages qui déterminent si un site convient à l’installation d’une centrale géothermique (coût du premier forage d’exploration : environ 5 millions d’euros), plusieurs projets de géothermie ont déjà été annulés, comme par exemple à Ettenheim près de Lahr.

Pour l’instant, la géothermie en est encore à ses débuts ; et cette technologie ne compte que pour 0,1% de la production énergétique en Allemagne, et ce en tenant compte des énergies renouvelables qui, elles, sont largement dominées par les éoliennes et la photovoltaïque.

Il faudra probablement attendre que les technologies d’examen de sols à de très grandes profondeurs fassent encore des progrès pour éliminer les risques liés aux forages. La géothermie présente un grand potentiel pour l’avenir, car elle produit une énergie « propre ». Des incidents comme celui de Staufen et celui de Strasbourg sont de nature à décourager les communes et les investisseurs – il faudra donc améliorer les analyses des sols avant de commencer à forer. Il serait dommage qu’une technologie prometteuse soit arrêtée à cause d’ incidents pareils.

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