Le Festival de Cannes, 76ème édition (1)

Pour la cinquième fois, Eurojournalist(e) est accrédité au Festival de Cannes et notre excellente experte cinéma-littérature Esther Heboyan couvrira ce festival exceptionnel pour les lecteurs et lectrices d’Eurojournalist(e) !

Top départ pour la 76e édition du Festival de Cannes ! Foto: © Jack Garofalo / Paris Match / Scoop - Création graphique © Hartland Villa

(Cannes, par Esther Heboyan) – La 76ème édition du Festival de Cannes aura lieu du 16 au 27 mai. Artistes renommés ou à découvrir et professionnels du cinéma international se feront déposer au pied du Palais, fouleront le tapis rouge devant une horde de photographes et graviront les marches pour être accueillis par Thierry Frémaux, délégué général du Festival, et Iris Knobloch, la toute nouvelle présidente qui remplace Pierre Lescure.

Dans la sélection qui va concourir pour la Palme d’Or, nous retrouvons des cinéastes confirmés, récompensés chez eux et ailleurs, voire oscarisés à Hollywood ou distingués à Cannes, que la presse appelle « les vétérans », « les vieux de la vieille », « les ténors ». Les Américains Wes ANDERSON et Todd HAYNES scrutent la société américaine, le premier avec Asteroid City, une fable déjantée sur les années 1950, le second avec May December, un drame sur une relation amoureuse qui a fait, et fera, l’objet d’un récit médiatique. Le Britannique Ken LOACH se penche sur l’arrivée de réfugiés syriens dans un village d’Angleterre économiquement sinistré. Les Italiens Nanni MORETTI et Marco BELLOCCHIO, respectivement avec Vers un avenir radieux et L’Enlèvement, traitent de crises et de controverses qui ont secoué l’Italie à différentes époques. L’Allemand Wim WENDERS est allé filmer au Japon le quotidien d’un homme simple qui aime les belles choses. Le Finlandais Aki KAURISMÄKI s’inspire de la chanson Les Feuilles Mortes pour conter la rencontre de deux êtres solitaires. Dans Les Herbes sèches, le Turc Nuri Bilge CEYLAN décrit les attentes d’enseignants envoyés en Anatolie. Monster du Japonais Hirokazu KORE-EDA raconte la fin de la tranquillité dans une banlieue japonaise. Jeunesse du Chinois WANG Bing propose un documentaire sur l’industrie textile qui attire les jeunes de tout le pays.

Des noms moins connus mais qui ont déjà été remarqués ici et là. Le Français (installé à New York) Jean-Stéphane SAUVAIRE propose Black Flies, un drame social qui réunit Sean Penn et Tye Sheridan dans le rôle d’urgentistes de nuit à New York dans les années 1990. Le Britannique Jonathan GLAZER revient sur l’époque nazie avec The Zone of Interest qui se déroule en marge des horreurs commises à Auschwitz, avec Sandra Huller et Christian Friedel. Dans Firebrand (Le Jeu de la reine), le Brésilien Karim AÏNOUZ révèle son drame historique sur Katherine Parr, la sixième épouse d’Henry VIII, avec Alicia Vikander et Jude Law. Le Français TRAN ANH Hung livre un sujet historique plus allègre avec La Passion de Dodin Bouffant où Juliette Binoche et Benoit Magimel interprètent une cuisinière et un chef gastronomique du 19ème siècle.

Notons que l’histoire de Jeanne Du Barry (hors compétition) de et avec Maïwenn, dans le rôle de la courtisane parvenue, donnant la réplique à Johnny Depp, dans le rôle de Louis XV, sera le film d’ouverture, tandis que le film d’animation des studios Pixar, Élémentaire (hors compétition), réalisé par Peter Sohn, clôturera le festival. D’autres longs-métrages, présentés hors-compétition, retiendront l’attention dont Killers of the Flower Moon de Martin SCORSESE qui fouille le passé peu glorieux des États-Unis lorsqu’on assassinait les Amérindiens de l’Oklahoma pour leur prendre leur pétrole. James MANGOLD, lui, aura le vent en poupe grâce à Indiana Jones et le Cadran de la Destinée où Harrison Ford sera, une nouvelle fois, l’archétype de l’aventurier tout-terrain.

On souligne et on salue la forte présence, 7 sur 21 dans la compétition pour la Palme d’Or, de réalisatrices aux parcours divers qui explorent des sujets tant éternels que d’actualité. L’Italienne Alice ROHRWACHER met en scène Josh O’Connor et Isabella Rossellini dans La Chimère, un thriller sur des pilleurs d’objets anciens. L’Autrichienne Jessica HAUSNER, dans Club Zéro, raconte l’emprise d’une nutritionniste, jouée par Mia Wasikowska, sur les élèves d’un lycée. Les filles d’Olfa de la Tunisienne Kaouther BEN HANIA est un docu-fiction sur la disparition de deux jeunes femmes dont l’histoire au sein d’une famille sera relayée par des actrices professionnelles. Quatre Françaises s’ajoutent à ce tableau. Justine TRIET, avec Anatomie d’une chute, dissèque la vie d’une famille après la mort du père. Dans L’été dernier, Catherine BREILLAT étudie une famille où l’épouse a une liaison avec son beau-fils de 17 ans. Avec Le Retour, Catherine CORSINI, elle aussi, relate l’histoire d’une famille venue d’Afrique, qui, retournant en Corse le temps d’une saison, va se souvenir de son passé. La benjamine du groupe Ramata-Toulaye SY présente Banel e Adama, son premier long-métrage, dans lequel les protagonistes veulent vivre d’amour dans un village reculé du Sénégal.

Bien avant la conférence d’avril 2023 où Thierry Frémaux et Iris Knobloch ont annoncé les films de la sélection officielle concourant pour la Palme d’Or ainsi que les films retenus dans les sections parallèles, la presse spécialisée, elle, a étalé rumeurs et prédictions. Ira à Cannes, n’ira pas ? Ainsi, à l’arrivée, on ne trouve pas Sofia Coppola qui devait présenter Priscilla sur Priscilla Presley, peut-être parce que la Croisette a déjà fait son plein sur le clan Presley en 2022 avec Elvis réalisé par l’Australien Baz Luhrmann. On ne trouve pas non plus The Way of the Wind de Terrence Malick sur la vie de Jésus. Post-production inachevée ? Incompatibilité des priorités de distribution ? Allez donc savoir ! À l’approche de la 76ème édition, ont été diffusées quelques rares images et informations. Comme par exemple, la photo montrant Leonardo Di Caprio et Lily Gladstone dans Killers of the Flower Moon de Scorsese. Cette photo a fait le tour du monde, le tour de la toile. Comme par exemple aussi, les bandes annonces, en langue originale non encore sous-titrée, du film de Moretti, Vers un avenir radieux, ou du film de Kore-Eda, Monster. Comprend qui pourra ! Les synopsis dévoilés ici et là mais pouvant induire en erreur, il vaut mieux patienter pour accéder aux dossiers élaborés par le service de communication du Festival.

Quant à l’affiche de la 76ème édition du Festival International du Film à Cannes, elle procure une illumination en noir et blanc, un moment d’épiphanie. Catherine Deneuve, photographiée sur la plage de Pampelonne en 1968, ainsi que le graphisme à la japonaise du studio Hartland Villa, sont une invitation à voyager, à se laisser divertir et, par les chemins détournés de l’image et de l’imagination, à saisir le sens de la vie/de l’art.

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