Le GCO et la grève de la faim
Lettre ouverte des Drs G. Y. Federmann et Didier Mirabel et Anny Zorn sur les effets et conséquences de la grève de la faim des opposants au GCO après l’arrêt au 30 ème jour.
(Par Georges Yoram Federmann, Didier Mirabel et Anny Zorn) – S’engage-t-on dans le processus douloureux, mais non violent, d’une grève de la faim de gaîté de cœur *? Pour jouer ? Pour simuler ? Pour tirer profit médiatiquement de l’effet d’annonce ?
Offre-t-on ses possibles doutes, douleurs, peurs en pâture au public, sans hésiter, sans peur et sans émotions ? Mesure-t-on les conséquences de cette forme d’engagement sur ses proches ? L’inquiétude des conjoints et des enfants ou des parents ?
Une grève de la faim est un acte fort, non violent envers l’autre, mais qui impose de se faire violence. C’est une des manières les plus radicales de dénoncer les effets morbides de notre société de consommation effrénée. Lorsque la parole ne suffit plus pour se faire entendre, le corps peut être convoqué et exposé afin de continuer à alerter le corps social, dans son intégralité.
Il y a parmi les grévistes au moins un hypertendu, bien stabilisé, que nous avons examiné dès le début en incitant avant tout à la prudence et en surveillant en permanence l’état clinique et les constantes biologiques (perturbées chez les grévistes). Car on ne sait pas, médicalement, quand risque de se produire le basculement vers des complications parfois irréversibles.
La bienveillance du collectif joue son rôle et garantit contre tout risque de « jouer » avec le symbole du jeûne. Le groupe apporte aussi la garantie de la mutualisation des efforts, du soutien et de la réussite collectifs.
Le lieu où cela se déroule, un temple protestant, impose la sincérité et le recueillement spirituels même pour les libres penseurs du groupe.
Le collectif de médecins, qui a une parole reconnue par la société (des patients), l’ ordre des médecins et la notoriété des praticiens, compte des assermentés, de surcroît.
Tous ont prêté le Serment d’ Hippocrate.
Des rumeurs, non identifiées de manière formelle, auraient remis en cause cette richesse collective.
Leur(s) auteur(s) bafoue(nt) allégrement les symboles des engagements civique et politique, de l’accompagnement médical et de l’hospitalité spirituelle en pratiquant une forme « d’abattage » tous azimuts.
Mais pourquoi aurait-on peur du débat que ce mouvement cherche à entretenir ? Pourquoi les grévistes gênent-t-ils au point qu’on use de la diffamation et qu’on exprime un tel mépris pour une grande partie vive du tissu social alsacien ?
Cette triste constatation illustre le fait que l’on peut se compter du côté des possédants et des puissants et prétendre « Vaincre » (avec Vinci) systématiquement et par tous les moyens (le droit est plus « sûrement » du côté de la force et du pouvoir).
Et qu’on est déconcerté par une stratégie non violente (sauf, il est vrai, sur son propre organisme et son psychisme), qui pourrait servir de modèle aux nations belliqueuses ou qui font commerce cynique des armes de destruction massive (bien qu’aux « effets chirurgicaux »). On use, là, de la stratégie des « fake news », passibles de la loi et popularisées par le Président de notre principal allié transatlantique.
Or on sait bien, d’expérience, que la puissance publique n’est pas toujours, par nature, garante de la vérité. Elle en a fait une triste démonstration durant ces 30 jours de lutte collective : en effet, aucun homme politique, notamment parmi les 4 qui ont fait publier des encarts (avec quel argent public !) sur des pages entières des DNA, à la gloire du GCO, ne s’est déplacé pour transmettre une marque de sympathie civique et fraternelle.
Marquant là l’existence d’un mur symbolique entre les usagers engagés et les représentants, non plus du peuple, mais de l’exercice d’un pouvoir désincarné au service de la logique financière.
50 pasteurs de l’UEPAL (Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine) se sont engagés dans une chaîne de jeûne en soutien aux grévistes de la faim contre le GCO. La Fédération protestante de France relaye leur engagement nationalement.
Pouvait-on imaginer que cette grève aurait pu trouver hospitalité dans une de nos synagogues ou mosquées ?
• La dernière grève de la faim très médiatisée a été réalisée par Oleg Sentsov, dernier lauréat du Prix Sakharov, jeûnant plus de 100 jours.
Le jeûne a aussi été utilisé par plusieurs personnalités en Europe, dont Lanza del Vasto, notamment pendant la guerre d’Algérie. Et plus récemment, par Solange FERNEX, l’une des premières écologistes alsaciennes, dans les années 1980.
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