Le jour où le Mur de Berlin tombait…

Le 9 novembre 1989, suite à une erreur historique, le Mur de Berlin tombait. Mais au soir de ce 9 novembre 1989, les choses auraient pu se passer autrement aussi.

Le matin du 10 novembre 1989, le monde avait changé... Foto: Sue Ream (photographer), San Francisco, California / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La chute de la RDA s’était annoncée depuis quelques mois déjà. La population grondait, les concerts de David Bowie et des Pink Floyd directement à la frontière berlinoise avaient drainé de centaines de milliers de citoyens est-allemands, à Leipzig et ailleurs, les gens allaient manifester tous les lundis pour réclamer la liberté et le gouvernement d’Erich Honecker venait d’échouer. Les apparatchiks autour d’Erich Krentz tentaient de sauver ce qui restait de l’Allemagne de l’Est, mais en vain. Le collapse de la RDA ne pouvait plus être stoppé.

Le 9 novembre 1989, le gouvernement de la RDA ne pouvait faire autrement que d’accorder à ses citoyens le droit de voyager, de quitter la RDA, de se rendre à l’Ouest. C’était à Günter Schabowski, membre du bureau politique du parti SED, d’annoncer la nouvelle à la presse internationale. Un journaliste lui demandait alors si cette nouvelle liberté de circulation allait entrer en vigueur immédiatement. Schabowski, non préparé à cette question, feuilletait ses papiers, pour finalement déclarer : « Euh, oui, immédiatement ». Une heure plus tard, de dizaines de milliers de citoyens de Berlin-Est se trouvaient devant les postes de frontière menant à l’Ouest de la ville en scandant « Laissez-nous passer ! ».

C’est à ce moment-là que tout aurait pu basculer. Car rien n’était préparé, les garde-frontières n’avaient reçu aucun ordre et à ce moment précis, la tentative de franchir la frontière germano-allemande constituait encore un crime majeur en RDA, passible de peines de plusieurs années. Théoriquement, les garde-frontières auraient pu, auraient du « défendre » cette frontière, ils auraient pu utiliser leurs armes pour maintenir la foule qui ne demandait qu’une chose – franchir cette frontière qui avait séparé les Allemands pendant plus de 40 ans.

C’est grâce à l’intelligence des commandants des postes de frontière est-allemands que le soir du 9 novembre 2016 ne se soit pas transformé en bain de sang. Ils ouvraient la frontière, serraient la main à leurs collègues ouest-allemands et les gens passaient la frontière dans une ambiance indicible. A cette heure, il y avait autant de personnes du côté Berlin-Ouest qui accueillaient les voisins est-allemands pour faire la fête ensemble et seulement quelques minutes plus tard, la destruction du Mur commençait.

Tout le monde se souvient de cet instant, lorsque soudainement, toutes les chaînes de la télévision montraient les images en direct depuis Berlin. Si dans un premier temps, on était nombreux à penser à une émission comme « La guerre des mondes » d’Orson Welles, on comprenait rapidement que c’était vrai – le Mur de Berlin était en train de tomber et sans savoir ce qu’il allait se passer, on comprenait que le monde ne serait plus pareil dès le lendemain.

26 ans plus tard, la situation n’est pas celle qu’on avait espérée à l’époque. Les « paysage fleurissants » que le chancelier Helmut Kohl avait promis aux Allemands de l’Est, on les attend toujours, de nombreuses régions de l’ancienne RDA sont toujours sinistrées économiquement et même 26 ans plus tard, ils sont nombreux dans l’ancienne RDA à ne pas savoir gérer leur nouvelle liberté – la xénophobie, le racisme, la xénophobie et même le néonazisme y fleurissent plus que les paysages.

Il faudra encore une génération, peut être deux, avant que cette « unification allemande » soit vraiment consommée. Et cette unification confère une responsabilité particulière à l’Allemagne, une responsabilité pour l’instant mal assumée. L’Europe a permis à l’Allemagne de se retrouver en toute liberté et sans cette autorisation des Alliés, donc de la France, des Etats-Unis, de la Grande Bretagne et de la Russie, le Mur de Berlin existerait toujours. Cette générosité européenne place l’Allemagne devant la responsabilité de devenir le moteur dans la construction d’une nouvelle Europe et pour l’instant, l’Allemagne assume mal cette responsabilité.

En guise de remerciement, cette Allemagne des Merkel, Schäuble & Cie. mène une sorte de « guerre économique » contre ses partenaires européens et sous la baguette de Wolfgang Schäuble, l’Allemagne montre à nouveau un visage moche – il serait temps que les Allemands se souviennent que sans le concours des partenaires européens, le pays serait toujours coupé en deux.

De nombreux Allemands rêvent d’une autre Allemagne, d’une Allemagne aussi généreuse que le comportement des partenaires européens en 1989, d’une Allemagne solidaire et humaine, d’une Allemagne qui ne donne pas de leçons, d’une Allemagne plus humble et constructive, d’une Allemagne qui ne chercherait pas à dominer l’Europe. En 2017, nous aurons la possibilité de changer d’orientation – lors des élections législatives, seule une forte mobilisation de ceux qui ne partagent pas les idées d’un Wolfgang Schäuble et d’une Angela Merkel, devront se déplacer et aller voter. Pour que l’Allemagne se mette enfin à contribuer à l’émergence d’une Europe solidaire, humaniste, sociale, d’une Europe qui fasse rêver. Le jour où l’Allemagne arrivera à se développer en ce sens, cette unification prendra tout son sens. Mais pas avant.

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