Le KOSOVO collabore avec Erdoğan !

Des opposants turcs extradés vers la Turquie

Les meilleurs partent toujours les premiers : la tombe d'Ibrahim RUGOVA à Pristina Foto: Pudelek/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Corruption ? Résignation à la vassalisation du Kosovo par la Turquie, ancienne dominatrice des Balkans ? Complaisance musulmane ? Tout cela à la fois ? Six ressortissants turcs arrêtés en 2018 à Priština, soupçonnés sans aucune preuve par Erdoğan d’avoir comploté contre lui, ont écopé de lourdes peines de prison à Ankara ; l’un d’entre eux à 15 ans de détention ! Les autorités du Kosovo, un Etat peu viable et pourtant soutenu à bout de bras par les Etats-Unis et l’Europe, a joué là un rôle scandaleux.

Une collaboration rondement menée entre les services secrets turcs et leurs petits frères kosovars. En échange de quoi ? L’Agence de renseignement (AKI) et la police du Kosovo, en 2018, ont procédé à ces arrestations, et la MIT (le service turc, à partir de l’Ambassade de Turquie de Priština), n’a eu qu’à venir cueillir ces 6 personnes, sans être en possession d’aucune preuve. Selon les juristes qui ont enquêté au sein d’une Commission parlementaire, la loi a été violée au moins 30 fois dans cette affaire. L’an dernier, nous avions évoqué les premiers stades de cette affaire http://eurojournalist.eu/presence-turque-au-kosovo/

Les charges contre ces 6 hommes sont cousues de fil blanc. Elles ont été fabriquées par un procureur à la botte d’Erdogan, Adem Akinci, à l’usage du Bureau du Procureur général d’Ankara. A partir de 2017, 9 éducateurs, qui s’étaient réfugiés au Kosovo pour fuir la persécution du grotesque dictateur turc, ont été surveillés et espionnés étroitement, sans aucun indice convaincant que ces personnes auraient fait partie d’organisations terroristes, comme l’affirme a posteriori l’accusation.

Ces six opposants d’Erdoğan, arrêtés sur l’instigation d’Ankara et détenus par la police du Kosovo, ont ainsi été proprement enlevés par la MIT le 28 mars 2018 et placés dans un avion privé. Direction : Ankara. Leurs noms et leur sort sont connus par les associations humanistes et juridiques européennes. L’un d’entre eux, Cihan Özkan, a d’ailleurs été enlevé par erreur : c’est l’ex-ambassadeur turc à Priština, Kivilçim Kiliç, qui avait ajouté son nom à la liste des « suspects » !

Les 6 hommes de nationalité turque, qui désapprouvaient la politique ultra-autoritaire et répressive d’Erdoğan, ont été retenus pendant quelque temps dans les locaux de l’Ambassade, à Priština ; des photographies ont été prises d’eux dans l’entrée des bâtiments. Cinq des six hommes travaillaient à l’Ecole Mehmet Akif ; cette Ecole est liée au Mouvement Gülen, qu’Erdogan s’obstine à présenter comme une organisation terroriste ; ce qu’elle n’est nullement. Il s’en sert comme bouc émissaire en l’accusant d’être responsable du coup d’État de l’été 2016.Parmi eux, Mustafa Erden, le directeur de l’Ecole, a été condamné voici quelques semaines à Ankara à quinze ans de prison.

Un procès sans preuves, donc. Le cas le plus ubuesque est celui de Cihan Özkan, arrêté par erreur : en janvier, il a écopé de huit ans et demi de prison pour « participation à une organisation terroriste armée et espionnage » ! C’est toujours ça de pris pour Erdoğan. Son fils vit encore au Kosovo.

Les procédures judiciaires en temps d’Erdoğan, on connaît : très souvent, c’est l’arbitraire absolu. Les manigances de la « Justice » à la botte du dictateur, on connaît ; mais elles dépassent la simple volonté de régler son compte à l’opposition en révélant une véritable paranoïa, celle de grands dictateurs comme Staline, Mao ou Hitler – ce dernier, Erdoğan l’a cité comme exemple à suivre dans un discours célèbre. Mais le Kosovo ?

Il faut craindre un processus de vassalisation à Ankara, comme il est enclenché aussi en Albanie et en Bosnie-Herzégovine. De même qu’en Serbie et en Roumanie, d’ailleurs, à un degré moindre. Par exemple, j’ai évoqué, dans un précédent article, l’installation ahurissante d’un monument à la gloire d’un personnage mort lors du Coup d’État … en plein centre de Tirana, la capitale de l’Albanie !http://eurojournalist.eu/lalbanie-a-nouveau-une-province-de-la-turquie/

Pour nous, citoyens de l’Europe flappie, le problème majeur est celui du mode de présence de l’UE dans les pays des Balkans. Nous avons refusé l’adhésion de la plupart de ces pays, en somme, parce qu’ils coûtent trop cher. Mais ils coûteront bien plus cher lorsqu’ils seront complètement colonisés par la Chine, la Russie ou la Turquie. Ou les trois à la fois. Que faire, au juste ? Le problème est évidemment complexe.

A consulter : Nordic Monitor https://www.nordicmonitor.com/

Courrier des Balkans http://www.courrierdesbalkans.fr/ 

 

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