Le Kurdes paient encore une fois le prix fort

Juste avant le début du sommet de l'OTAN à Madrid, la Turquie lève son veto contre l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN. Et une fois de plus, les Kurdes sont les grands perdants.

Quel est le prix que la Finlande et la Suède doivent payer à la Turquie pour leur adhésion à l'OTAN ? Foto: dalbera from Paris, France / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – « Nous avons obtenu ce que nous voulions », s’est réjoui la présidence turque après la signature d’un moratoire qui ouvre la voie pour la Finlande et la Suède à l’adhésion à l’OTAN. Les deux pays en avaient fait la demande au mois de mai, mettant fin à une longue tradition de neutralité. Si la Turquie avait bloqué le processus en estimant que les deux pays nordiques soutenaient des organisations kurdes, cet obstacle a visiblement été levé. Des deux côtés, on utilise des formules diplomatiques qui laissent présager le pire. Pour les Kurdes.

La guerre en Ukraine a logiquement suscité des soucis en Finlande et en Suède. La Finlande, avec sa frontière terrestre longue de 1300km avec la Russie, se sent particulièrement menacée. Donc, on comprend le souhait de se mettre sous la protection de l’alliance transatlantique, mais une fois de plus, Recep Tayyip Erdogan semble avoir obtenu par les Européens ce qu’il veut. Les détails du « deal » entre l’OTAN, la Turquie et les deux pays nordiques ne sont pas encore connus, mais Helsinki et Stockholm s’engagent à « faire preuve de solidarité avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes ».

Les Kurdes, qui avaient déjà payé le prix fort en Syrie où ils étaient les seuls à pouvoir battre « Daesh », avant de se faire trahir par toutes les forces occidentales, subissent la haine démesurée d’Erdogan. Il sera intéressant d’apprendre quel compromis les deux pays nordiques avaient du accepter pour que la Turquie lève son veto quant à leur adhésion. On sait que la Turquie réclame l’extradition de ressortissants turcs qui se sont réfugiés dans les pays nordiques, poursuivis pour prétendument faire partie du PKK ou d’autres organisations kurdes ou du mouvement Gülen. Fin mai, la Turquie avait demandé que 30 ressortissants turcs soient extradés vers la Turquie – est-ce que la Finlande et la Suède accéderont à cette exigence pour pouvoir se mettre sous la protection de l’OTAN ?

Une chose est certaine, Erdogan n’aurait pas cédé sans contrepartie et la déclaration de la présidence après la signature du moratoire était claire : « Nous avons obtenu ce que nous souhaitions ». Il faut espérer que la Finlande et la Suède ne sacrifient pas les « valeurs européennes », dont le droit à l’asile pour ceux qui sont poursuivis injustement par des régimes autoritaires, pour pouvoir rejoindre l’OTAN.

Maintenant, l’adhésion des deux pays nordiques à l’OTAN n’est plus qu’une formalité, qui prendra entre 6 et 8 mois, le temps que les 30 pays membres aient chacun ratifié cette adhésion. Et du coup, l’OTAN aura une longue frontière terrestre avec la Russie. Après les menaces formulées par la Russie à l’encontre des deux pays nordiques, on verra ces prochains jours, les réactions du Kremlin.

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