Le longe-côte, un sport méconnu

Une nouvelle pratique sportive, mais aussi de loisir, tend à prendre de l'ampleur.

Colonne de « longeurs » dans l'eau à Leffrinckoucke, berceau du longe-côte. Foto: Pierre André Leclercq / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – La discipline n’est pas nouvelle, mais quand elle s’accompagne de l’usage de pagaies, elle a quelque chose de particulièrement surprenant, pour ne pas dire de franchement loufoque. Pourtant, le longe-côte, pratique sportive, mais aussi de réadaptation et de bien-être, est à prendre très au sérieux, même si, comme cela se produit parfois, le spectacle d’une colonne de marcheurs progressant dans l’eau jusqu’au-dessus du diaphragme en s’aidant de pagaies, peut provoquer un irrépressible fou-rire.

Imaginées en 2005 à Dunkerque par Thomas Wallyn, entraîneur d’un club d’aviron, ces randonnées en mer, émergé à partir du thorax, avaient pour but de compléter l’entraînement des rameurs. D’où l’usage de pagaies, servant alors de moteur et d’appui, car si l’exercice ne sollicite pas à outrance les articulations, il fait travailler les muscles, ce qui en est l’effet recherché. Parcourir plusieurs kilomètres, à distance de la côte, en la longeant immergé aux deux tiers de sa taille, s’avère dans la plupart des cas pour tout individu, qu’il soit ou non sportif, particulièrement bénéfique. C’est pour cette raison que du monde du sport, cette pratique est passée dans le champ des activités de bien-être.

De bien-être mais aussi de sport adapté, car comme le disait dans le « Journal d’Abbeville » François Dubus, secrétaire du club Longe C’Ault, il peut être utilisé en complément d’une rééducation ou pour les personnes en surpoids. Depuis 2009, année de la création du premier sentier de randonnée pédestre aquatique à l’immédiate proximité de Dunkerque, il a suscité d’autres implantations le long des côtes de la Manche, de la Méditerranée et aussi de l’Océan Atlantique.

La combinaison néoprène et les chaussons de voile sont de rigueur. L’usage de la pagaie ou des gants palmés n’ont rien de systématique. Les accompagnateurs sont qualifiés et les consignes de sécurité très strictes. Un contact visuel et parfois par talkie-walkie est assuré avec la côte. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter, car le longe-côte n’a rien d’un sport extrême. Sauf si, bien sûr, on est traumatisé à vie par des films comme par exemple « Les dents de la mer ». Les « longeurs », car c’est le nom qu’ils se sont octroyés, apprécient le caractère changeant des paysages et des conditions d’exercice de cette pratique les mettant en prise directe avec la nature.

En Baie de Somme, à proximité de Cayeux-sur-Mer, la plage d’Onival offre des parcours composés, l’un de 5 km de sable, l’autre de 6 km de galets et le dernier de 7 km mixtes. De quoi permettre aussi à certains sportifs de s’entraîner méthodiquement, car la discipline a de plus en plus d’adeptes. Mais nous n’en sommes pas encore à sa qualification comme sport olympique, loin s’en faut, malgré les compétitions régulièrement organisées en France et ailleurs en Europe.

Se pratiquant en été comme en hiver, cette discipline attire les adeptes de sports d’endurance, et permet tout au long de l’année, de s’exercer à l’adaptation à des conditions environnementales en constant changement. Soit l’exact opposé du sport en salle sur des machines paramétrables dans les moindres détails. Avec le longe-côte, l’être humain devant se mettre en phase avec les éléments naturels et se calibrer sur leurs rythmes, il n’a pas plus le loisir de se regarder le nombril que d’admirer son profil dans un miroir.

 

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