Le masque, nous asphyxie-t-il ?

Le port du masque est contesté par certains, au motif qu’il priverait notre organisme d’oxygène. Qu’en est-il vraiment ?

Pratique sportive avec port du masque d’altitude. Foto: Noémie / privée

(Luis Uribe Patiño) – Nous assistons à une multiplication des articles pour et contre l’utilisation de masques. Trouver des données fiables, concernant avantages et inconvénients quant à leur usage, n’est pas simple. L’internet, notamment via les réseaux sociaux, véhicule une marée d’information plus ou moins vérifiées. Il importe alors d’autant plus de se poser les bonnes questions, et d’y apporter les bonnes réponses.

Les chirurgiens, opérant durant de longues périodes équipées de masques, sont souvent mis en avant pour contredire l’affirmation selon quoi, leur port priverait l’organisme d’oxygène et provoquerait l’inhalation de gaz carbonique. D’autres exemples vont également dans ce sens.

A Bogotá, capitale de la Colombie située à 2.300 mètres d’altitude, des personnes âgées souffrant de maladie pulmonaire chronique obstructive (MPCO), et donc plusieurs heures par jour sous oxygène, portent des masques de type chirurgical lorsqu’elles sortent dans la rue. Ceci afin de se protéger de la pollution, comme le leur conseillent les médecins et ce, bien longtemps avant l’apparition de la Covid-19. Cette pratique ne réduit pas pour autant leur capacité respiratoire.

D’autres personnes, mais cette fois-ci des sportifs de haut niveau, se servent de masques dits « d’altitude », dont la fonction principale est l’obstruction contrôlée de l’arrivée d’air, dans le but de diminuer l’apport d’oxygène. Il s’agit de simuler un effort physique en altitude, au niveau d’une ville comme La Paz, en Bolivie, à 3.600 mètres d’altitude.

Ces masques mettent sous stress le métabolisme de l’athlète, le forçant à se dépasser physiquement, et donc à s’adapter à l’apport d’oxygène insuffisant. Ceci est rendu possible grâce à un système de valves et soupapes réglables, simulant ainsi le taux d’oxygène des altitudes allant de 1.000 à 5.000 m. Ce qui force l’athlète à repousser ses limites, et surtout améliore ses capacités respiratoires.

Un article apparu dans la revue scientifique en ligne « sci-sport.com » en 2017, décrit l’utilisation des masques d’altitude comme étant une pratique vieille de 40 ans. Elle vise à améliorer les capacités dites aérobies du sportif, c’est à l’aptitude de son système cardio-respiratoire à transporter et utiliser l’oxygène, lors d’un travail musculaire.

Cette étude menée par des chercheurs américains et allemands en 2017, donc avant l’apparition de la Covid-19, comparait deux groupes soumis au même effort, l’un sans masque dit d’altitude et l’autre avec. Après 6 semaines d’entraînement par intervalles à haute intensité, les porteurs de masques dits d’altitude, amélioraient significativement leurs seuils ventilatoires et leurs capacités d’effort. Ceci en regard du groupe ayant effectué le même entraînement, mais sans masques.

Les porteurs de masque dit d’altitude, sont passés progressivement de 914 m à 3.658 m, soit à peu près les altitudes de Marvejols en Lozère à Lhassa au Tibet. Ils ont amélioré leur capacité pulmonaire, en travaillant à puissance maximale aérobie (PMA), pendant 20 minutes deux fois par semaine.

Jusqu’à preuve du contraire, les chirurgiens opérant partout dans le monde équipés de masques, les personnes âgées atteintes de maladie pulmonaire chronique obstructive portant à Bogotá des masques pour se protéger de la pollution et les sportifs améliorant leurs capacités respiratoires grâce à des masques dits d’altitude, ne souffrent pas d’hypoxie préjudiciable à la santé.

Il serait en revanche intéressant de savoir si, au décours de la pandémie de Covid-19, le port régulier du masque chirurgical contribuerait à augmenter le seuil d’oxygénation de l’organisme de tout un chacun. Une question à laquelle les scientifiques, pourraient bien apporter des réponses qui, ne plairaient pas forcément aux contradicteurs…

Sources
https://www.cdc.gov/media/releases/2020/p0714-americans-to-wear-masks.html
https://www.altitude.news/culture/2018/01/14/moins-oxygene-en-altitude-vrai-faux/
https://www.sci-sport.com/articles/effets-physiologiques-d-un-entrainement-avec-port-d-un-masque-dit-d-altitude-152.php

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