Le médecin est au 15 !

Un cabinet médical et de kinésithérapie, nouvellement installé dans un local baptisé du numéro du SAMU, voilà bien plus qu’une amusante curiosité...

Ancienne agence bancaire, « de fünfzehnte » sis à Niederschaeffolsheim, 15 route de Bischwiller, est dédié aujourd’hui à la santé. Foto: Jean-Marc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – En mai dernier, la commune de Niederschaeffolheim s’est acquise une petite notoriété sur internet. Ainsi a-t-elle eu les honneurs des journaux télévisés de plusieurs chaînes. Mais ce village alsacien impossible à caser dans les formulaires numériques, possède une pépite qui n’a pas autant attiré l’attention des médias, même si son nom bien plus court, demeure pour certains aussi difficile à prononcer : « de fünfzehnte ».

Flashback ou « Rückblende » – Début 2020, le maire, également médecin du village, s’apprêtant à faire valoir ses droits à la retraite, dit qu’il a cherché sans résultats un successeur pour son cabinet. Dont acte. Il se présente aux élections municipales pour briguer un 4e mandat, avec dans le programme de son équipe : « s’enquérir de l’attractivité du village pour l’installation d’un médecin et autre profession libérale ». Re-dont acte. Sa liste obtient 3 sièges sur 15. Rideau.

Il résulte de l’absence de médecin en exercice dans la commune, un phénomène qualifiable de crise sanitaire, car en pleine période de pandémie de Covid-19, les médecins des villages environnants déjà débordés, doivent accueillir une patientèle supplémentaire.

Début avril 2021, un médecin et une kinésithérapeute sont installés dans l’ancienne agence du Crédit Mutuel. Ceci grâce à la ténacité de l’équipe nouvellement élue. Son programme prévoyait de « Réaccueillir un médecin pour faciliter l’accès aux soins à tous nos citoyens (notamment pour nos aînés qui rencontrent des difficultés dans leurs déplacements). Étudier la création d’une maison médicale locale. ».

Bilan ou « Bilanz » – L’actuelle maire rapporte ce cheminement avec émotion. Durant plusieurs mois, elle et son équipe, ont connu les montages russes des affects et le grand huit des sentiments. Mais ils ont réussi et cela ne s’est pas fait sans certains soutiens. Notamment celui du président du Conseil d’Administration du Crédit Mutuel du secteur dont dépendait l’agence fermée dans le village. Ancien médecin vivant dans la commune voisine, il avait réussi à assurer sa succession et s’est mobilisé pour soutenir le projet porté par la nouvelle majorité.

Le Crédit Mutuel a accepté de vendre le bâtiment à un prix raisonnable, donc sans chercher à spéculer. Plusieurs particuliers, intéressés par son acquisition, y ont renoncé dès qu’ils ont eu connaissance du projet de la municipalité. Acquis par l’Établissement Public Foncier d’Alsace, jouant en quelque sorte le rôle de prêt relais, ce local sera dans un proche avenir racheté par la commune assurant parallèlement l’équilibrage de ses comptes.

Morale de l’histoire ou « Moral von der Geschichte » – Cette réussite est l’exemple type d’une promesse de campagne tenue, malgré les difficultés rencontrées, car selon la formule attribuée à divers auteurs : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin. ». A moins de deux semaines des prochaines élections départementales et régionales, les 20 et 27 juin prochains, il n’est pas superflu de le rappeler. L’adage affirmant ironiquement que « les promesses électorales n’engagent que ceux qui y croient », peut être pris au sérieux, quand ceux qui y croient sont les candidats eux-mêmes.

Trop souvent, les élections sont pour certaines personnes ambitieuses, un moyen d’assurer leur promotion personnelle et s’intègrent dans leurs plans de carrière. Elles font alors du buzz, et on les voit partout. Signe des temps, une grande visibilité médiatique et une omniprésence sur les réseaux sociaux, laissent croire à autant de signes de potentielle compétence, et pire encore, de dévouement à l’intérêt général.

Évidemment, quand ces anges de la télé-réalité politique tombent du firmament de leurs propres contradictions et incohérences, notamment en ne tenant pas leurs promesses de campagne, ils deviennent les cibles de la vindicte populaire, abondant alors dans le sens de la maxime préférée des anti-parlementaristes : « Tous pourris ! ». A Niederschaeffolsheim, la création du « fünfzehnte »,  démontre que tenir des promesses électorales reste possible. Mais pour cela, il est nécessaire de s’employer à toute autre chose qu’à vouloir constamment gagner de l’audience sur les réseaux sociaux et dans les médias.

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