Le « medronho », un alcool typiquement algarvois

Au Sud du Portugal, se distille un alcool tiré des fruits de « l'arbre à fraises ».

Le choix ne manque pas à Monchique ! Foto: Kolforn / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Appelé « madroño » en Espagne et « medronheiro » au Portugal, l’arbousier (arbustus unedo pour les botanistes), est un arbuste que l’on rencontre fréquemment au Sud de l’Europe ainsi que sur le pourtour du Bassin Méditerranéen. Présent dans le blason de la ville de Madrid, on le retrouve dans « Le jardin des délices », triptyque peint par Jérôme Bosch entre 1494 et 1505.

Au Portugal, c’est dans le Sud, en Algarve, qu’il se développe le mieux, mais aussi un peu dans l’Alentejo. Il est appelé parfois « arbre à fraises », car ses fruits rouges se consomment en marmelades ou confitures. Par contre, les manger crus en trop grande quantité, peu provoquer coliques et vomissements, car ils ont une légère toxicité disparaissant à la cuisson.

Un autre mode de cuisson, après fermentation, s’appelle distillation et c’est alors du « medronho » qui coule des alambics au Sud du Portugal. Arbuste se développant spontanément sur les sols pauvres, il n’existe pas de plantations d’arbousiers. Ses fruits sont récoltés manuellement dans la nature, essentiellement par des agriculteurs lors de journées de travail allant de 7 heures du matin à 7 heures du soir.

Ce qui explique le prix élevé de cet alcool tournant autour de 60,00€ le litre. D’où sa commercialisation en petits conditionnements, assurée principalement par les producteurs eux-mêmes et n’intéressant pas la grande distribution. Ainsi, le « medronho » est-il une curiosité à déguster sur place et à ramener d’un séjour en Algarve.

Monchique, localité du district de Faro peuplée de quelques 6.000 habitants, revendique le « medronho » comme élément faisant partie de son identité culturelle. Les producteurs de cet alcool s’y sont regroupés au sein de « l’Associação de Produtores de Medronho do Barlavento Algarvio – APAGARBE ».

Annuellement, ils obtiennent par distillation, plus de 2.000 litres d’un « medronho » répondant aux normes de qualités imposées par l’État. La collecte des baies d’arbousier se fait d’octobre à novembre, suivi d’une phase de fermentation d’au minimum un mois dans un conteneur. Une fois distillée, l’eau de vie doit vieillir en fûts environ huit ans, avant d’être mise en bouteilles.

C’est assez récemment, que cet alcool auparavant très peu connu hors du Portugal, est apprécié par les étrangers. La « Loja do Mel e do Medronho », une boutique associant producteurs de miel et de « medonho », a été ouverte en 2011 à Monchique. On y trouve, comme le montre la photo illustrant cet article, le résultat du savoir-faire de tous les distillateurs de la localité. Certains producteurs ne sont pas déclarés, mais là on se risque carrément sur le bizarre !

A Cortelha, petit village situé 25 km au Nord de Faro, officie Aquilino Candeias Sousa Costa. Assistant à la distillation chez un voisin depuis l’âge de sept ans, c’est au décours d’un itinéraire professionnel allant du bâtiment à la culture du chêne-liège, qu’il s’est lancé à 35 ans dans la production de « medronho ». Son alcool a été primé et chose extraordinaire : il n’en boit pas, mais sait à son bouquet, en évaluer la qualité sans se tromper.

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