Le miroir aux alouettes des 1.200€

Une retraite dorée à minimum 1.200€, car tel est leur projet ! Mais derrière ces éléments de langage, se profile un tout autre programme, celui de l’appauvrissement d’une très large majorité de travailleurs, au profit de l’enrichissement d’une minorité de possédants. Car ces gens sont immondes...

Une retraite en or à 1.200€ ! Foto: ButuCC / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Ce qui devait devenir une mesure phare de la réforme des retraites initialement prétendue juste, mais très vite prise en défaut devenue alors nécessaire, est maintenant un tel boulet que même son principal promoteur trébuche en se prenant le pieds dans la chaîne. Pour percevoir la retraite à 1.200€ minimum, promise par un gouvernement très largement composé de millionnaires, il faut, comme pour les contrats d’assurance, lire les textes en petits caractères placés en bas de page, ainsi que prendre connaissance de tous les critères d’exclusion.

Se faisant fort de traquer les fake-news en 2018, le mister president et son startup nation builder government de 2023 multiplient les infox pour faire passer une réforme rejetée par les trois quarts de leurs concitoyens. La plus grosse étant cette magnifique promesse d’une retraite à minimum 1.200€ par mois, alors que selon l’INSEE le seuil de pauvreté monétaire était en 2020 de 1.128€ de revenu mensuel. Ceci avant la hausse substantielle du coût de la vie provoquée en 2022 par l’impact sur l’économie mondiale de la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie, et l’inflation va encore se poursuivre. En somme, les liquidateurs veulent faire un prétendu cadeau à une minorité de réels bénéficiaires et impacter très majoritairement ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus pauvres, les peu diplômés et les femmes. Un cadeau s’exprimant en brut, qui en net, laissera ses rares heureux récipiendaires en dessous du seuil de pauvreté.

Par contre, les entreprises ne verseront pas un centime de plus. Elles vont même transférer une partie des cotisations sociales AT/MP, qu’elles versent pour les accidents du travail, vers le financement des retraites. N’est-ce pas merveilleux dans un pays qualifié de mauvais élève de l’Europe en matière d’accidentologie du travail ? Mieux encore, la suppression entre 2023 et 2024, de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE), créée en 2010 et touchant principalement les grandes entreprises, constitue un cadeau fiscal de plus de 9 milliards d’euros annuels qui ne sera évidemment pas consacré majoritairement à l’emploi ! Il paraît qu’il n’y a pas d’argent magique…

La doxa gouvernementale étant la crainte de voir nos entreprises perdre de la compétitivité, en augmentant le prétendu coût du travail par une hausse des cotisations sociales appelées à tort charges, il a pourtant été démontré que la suppression de certaines cotisations sociales en 2016 pour les salaires entre 1,6 et 3,5 fois le SMIG, n’a eu aucun effet sur la dite compétitivité. Mais, comme l’énonce très clairement le proverbe corse, on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Derrières les grandes entreprises, il y a ceux qui les possèdent, soit les meilleurs soutiens de la macron connexion. Or, les revenus du capital financent actuellement très faiblement notre système de protection sociale.

Par ailleurs, la retraite est, rappelons-le, un revenu différé et en aucun cas une prestation sociale. Actuellement un tiers des retraités a une pension inférieure à 1.000€ brut, mais il ne faudrait pas croire que ces derniers vont tous voir, avec la réforme, leur retraite revalorisée jusqu’à 1.200€, et qu’à l’avenir, il n’y aura aucune pension inférieure à cette somme. Comme l’explique le chercheur Michaël Zemmour,  « la réforme ne garantit pas de pension à 1200€ mensuel, pas même pour une carrière complète. En revanche elle prévoit la revalorisation de certaines petites pensions, celles qui ont été ou seront liquidées à taux plein [...] pour un montant compris entre 0€ et 100€. ». Ce qui à terme, va laisser 40% des femmes et 15% des hommes avec des retraites inférieures à 1.200€ brut.

D’où très probablement l’adjectif « juste » remplacé par « nécessaire », pour cette réforme qui va une fois de plus, enrichir encore les mêmes et appauvrir toujours les mêmes. Oui, cette réforme est nécessaire pour assouvir l’insatiable avidité des créateurs et soutiens du macronisme, cet en-même-temptisme qui n’a absolument rien d’un humanisme. Le macronisme est l’une des formes les plus abouties du mépris de classe, voulant faire croire aux gens modestes qu’ils doivent tout aux riches, alors que la richesse du pays est créée par les travailleurs. Ainsi, le meilleur moyen d’empêcher que cette réforme injuste passe, est-il l’arrêt du travail par un large mouvement de grève, qui aura pour effet de mettre en péril les dividendes et bénéfices des créateurs du macronisme, au point qu’ils intimeront l’ordre à leur petits commis de renoncer à cette réforme. Ce qu’il fera par une pirouette dont il a le secret, en bon comédien qu’il est et restera, mais amuse de moins en moins de monde.

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