Le « modèle de Tübingen » sur le point d’échouer

La ville de Tübingen a lancé le 16 mars dernier le « modèle Tübingen » en ouvrant de nombreux commerces et lieux de culture, ouverts aux personnes présentant un test négatif qui donne droit au « Ticket journalier de Tübingen ».

Dans la belle ville de Tübingen, les rouvertures sont intervenues trop vite... Foto: Calips / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – C’était trop beau pour être vrai. Le 16 mars dernier, en plein confinement, la ville de Tübingen décidait de se transformer en « ville modèle » en ouvrant quasiment tout. Pour pouvoir accéder à cette offre culturelle et commerciale, il faut se munir d’un « Ticket journalier Tübingen » que l’on obtient en échange d’un test négatif. Depuis, une centaine de villes allemandes a également déposé une requête de pouvoir suivre l’exemple de Tübingen. Mais il faudra réfléchir deux fois avant de procéder – 3 semaines après le début du « modèle Tübingen », le taux d’incidence y monte à nouveau et ce, de manière spectaculaire. Même la fermeture de la ville pour les visiteurs n’habitant pas dans la ville pendant le week-end pascal, n’a pas pu renverser la tendance.

Le « modèle Tübingen » se base donc sur des tests quotidiens de la population. Après avoir effectué un test (négatif), la personne testée reçoit le « Ticket journalier Tübingen » sous forme d’un document ou, au choix, d’un bracelet portant un code QR qui peut être lu à l’entrée de toutes les structures ayant rouvert. La stratégie est claire – en testant quasiment toute la population quotidiennement, la ville identifie les porteurs du virus et peut les isoler. Mais, triste constat, cela ne fonctionne pas. Et ce modèle qui ne fonctionne pas, coûte tous les jours environ 150 000€, car les tests sont gratuits pour les citoyens et citoyennes.

Logiquement, le « modèle Tübingen » a attiré beaucoup de monde des villes voisines qui sont Stuttgart et Reutlingen. La perspective de pouvoir faire ses courses et de pouvoir s’installer sur une terrasse, a drainé beaucoup de visiteurs, au point où pendant le weekend pascal, la ville a fermé pour les visiteurs n’habitant pas à Tübingen.

L’idée était bonne, mais on ne peut pas forcer ce virus. Du coup, comme le critique le porte-parole santé du SPD, Karl Lauterbach, la ville « a envoyé le mauvais signal à la population », miroitant une proche fin de la pandémie, avec des réouvertures imminentes. Mais les chiffres sont cruels. Si, au début du « modèle Tübingen », le taux d’incidence s’y situait à moins de 50, il a augmenté pendant les trois dernières semaines à presque 140. Il se pose alors la question si ce « modèle Tübingen » ne met pas en danger la population, car visiblement, ce modèle ne constitue pas une réponse à la propagation du virus.

Une telle stratégie aurait, peut-être, pu fonctionner au Moyen Age où les villes étaient protégées par des remparts qui permettaient de fermer une ville. Aujourd’hui, dans un monde mobile, on ne peut pas empêcher la circulation de personnes et par conséquent, la circulation du virus qui accompagne les personnes.

Le maire vert de Tübingen, Boris Palmer, devrait maintenant actionner le « frein d’urgence » défini par les ministre-présidents et Angela Merkel. A partir d’un taux d’incidence de 100, les villes ayant opéré des allègements des mesures sanitaires, devraient les annuler. Mais malgré le taux d’incidence de 140 à Tübingen, Boris Palmer considère que « le projet n’est pas fini ». Il le sera quand, alors ?

Que ce soit la Sarre, Tübingen ou les 100 autres villes qui souhaitent également devenir « ville modèle » pour pouvoir tout rouvrir – il faut comprendre que cela ne fonctionnera pas. La raison en est très simple : dans un monde globalisé où un virus et ses variants circulent librement, des stratégies locales ou régionales ne peuvent pas fonctionner. Même si nous l’écrivons depuis des mois, visiblement le message ne passe pas – on ne peut pas combattre une pandémie mondiale au niveau local. Le « modèle Tübingen » en est le meilleur exemple. Dépenser tous les jours 150 000 € pour organiser une augmentation du taux d’incidence de 50 à 140 en trois semaines, ne semble pas très raisonnable.

Mais le plus surprenant concernant ce « modèle Tübingen », c’est que d’autres villes souhaitent le copier. Malgré l’échec évident de cette tentative. A croire que le virus s’attaque aussi aux cellules grises de certains responsables politiques…

4 Kommentare zu Le « modèle de Tübingen » sur le point d’échouer

  1. Ich finde den Tübinger Ansatz im Grundsatz sehr beachtenswert. Auch wenn die Inzidenzen durch externen Zufluss nun leider doch wieder ansteigen, hatten “die Tübinger” den Mut neue Wege zu gehen und beträchtliche Mühen und Geldmittel dafür einzusetzen.

    Danke dafür, vor allem an Boris Palmer und Lisa Federle.

  2. Ja .. es gibt Leute die wissen alles bereits vorher .. andere versuchen wenigstens, alternative und kreative Wege zu gehen.

    • Na ja, so lange der Glauben vorherrscht, dass man eine weltweite Pandemie lokal bekämpfen kann, wird es bei “Trial-and-error” bleiben. Alternativen zu suchen, ist sicher gut und richtig, aber wenn der Versuch erfolglos bleibt, dann kann man auch durchaus einen solchen Versuch stoppen.

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