Le « mur coupe-feu » fonctionne une dernière fois
Ce qu'on appelle en France le « barrage républicain », est appelé « mur coupe-feu » en Allemagne. Pourtant, dans les deux cas, il s'agit de garder l'extrême-droite éloignée du pouvoir.

(KL) – Trois Länder allemands avaient voté pour un nouveau gouvernement au mois de septembre, en Thuringe, au Brandebourg et en Saxe. Hier, la Saxe était le dernier de ces trois Länder à voter pour son nouveau chef du gouvernement régional, le Ministerpräsident, et malgré l’absence d’une majorité, Michael Kretschmer (CDU) a été réélu. Mais sa nouvelle coalition CDU-SPD est minoritaire à la diète de Dresde et un gouvernement minoritaire n’est pas du tout habituel en Allemagne. Toutefois, Michael Kretschmer a été réélu avec des votes de l’opposition et cela est un bon signe pour la suite. Et il vaut mieux, car si le « mur coupe-feu » a fonctionné dans les trois Länder, les trois nouveaux gouvernements doivent livrer – autrement, il n’y aura, comme en France, plus de « mur coupe-feu » contre l’AfD.
L’élection de Kretschmer était franchement bizarre. Au premier tour, avec 55 votes, Kretschmer avait loupé la majorité – qui se situe dans la diète de la Saxe à 61 votes. Au deuxième tour, Kretschmer a totalisé 69 votes et il n’est pas tout à fait clair si ces 14 votes supplémentaires par rapport au premier tour, venaient de Die Linke ou de l’AfD ou d’élus des deux. Le candidat de l’AfD avait obtenu 40 votes lors du premier tour et seulement 1 lors du deuxième. Va comprendre…
Dans les trois Länder, en Thuringe, au Brandebourg et en Saxe, l’extrême-droite, pourtant parti le plus fort dans deux de ces trois Länder en Septembre, ne fait pas partie des nouvelles coalitions. Donc, le « mur coupe-feu » a fonctionné, mais pour y arriver, il fallait que les autres partis acceptent des coalitions et coopérations « contre nature ». Gouverner ne sera pas facile pour Michael Kretschmer, il lui manquent 10 votes pour avoir une majorité. Pour pouvoir gouverner avec ce gouvernement minoritaire, Kretschmer a inventé un nouveau « format de consultation ».
Ce « format de consultation » prévoit l’organisation de réunions mensuelles avec les chefs des autres partis, permettant à l’opposition (sauf l’extrême-droite) de proposer des dossiers et de s’exprimer sur le programme du gouvernement. Un échange démocratique dans le respect mutuel et dans l’intérêt commun – une approche qui fait malheureusement défaut en France.
Mais il faut partir du principe que ce « mur coupe-feu » fonctionne là pour la dernière fois. Si jamais les partis n’arrivent pas à diriger ces trois Länder convenablement, l’extrême-droite aura, comme en France, une autoroute devant elle. Et il ne faut pas dire « ils ne pourront pas faire pire que ceux en place » – l’Histoire nous montre clairement que l’extrême-droite allemande est capable du pire…
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