Le mur de Ciudad Lineal

A Madrid, l’extrême-droite qui a soutenu la droite aux dernières élections municipales, veut détruire une fresque murale illustrant les combats de femmes célèbres.

Les effigies de femmes remarquables risquent l’effacement. Foto: David Alonso / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – L’idiotie madrilène a frappé une fois de plus ! Non pas en la personne de la présidente de la Communauté Autonome de Madrid, quoique l’argumentaire développé par le maire de la ville José Luis Martínez-Almeida (Partido Popular), procède du même non-sens que la stratégie sanitaire d’Isabel Díaz Ayuso (Partido Popular).

L’objet du litige, dont ont rendu compte El Diario et El País fin janvier, est un mur. Un mur, mais attention, pas n’importe lequel ! A défaut d’avoir un « Mur de Berlin » à abattre à Madrid, l’extrême-droite dont le parti Vox, fondé en 2013, est la partie émergée de l’iceberg fasciste espagnol, a jeté son dévolu sur celui du Centre Sportif de Ciudad Lineal, district à l’immédiate proximité du noyau central de la capitale.

Un mur servant de support à une magnifique fresque créée en 2018, représentant toute une série de portraits de femmes entrées dans l’histoire pour leur engagement en faveur de l’égalité des sexes et pour la défense des droits humains. En somme, un mur insupportable, pour les réactionnaires caudillo-nostalgiques qui ont actuellement le vent en poupe.

L’extrême-droite, militant pour l’effacement de cette fresque réalisée durant le mandat de Manuela Carmena (Más Madrid), proposait son remplacement par une nouvelle version censée mieux illustrer le féminisme, soit cinq hommes et cinq femmes athlètes paralympiques.

Dans la coalition de droite Partido Popular – Ciudadanos ayant récupéré la ville avec le soutien de Vox aux municipales de 2019, les renvois d’ascenseur sont maintenant difficiles à refuser. Ainsi, José Luis Martínez-Almeida, l’actuel maire de la capitale espagnole, a poussé le raisonnement par l’absurde en défendant d’une manière surréaliste, le projet révisionniste porté par les néo-fascistes de Vox.

Selon lui, la représentation d’athlètes paralympiques féminins et masculins, représenterait mieux le féminisme que les effigies des militantes figurant sur l’actuelle fresque, car « le féminisme est l’égalité entre les femmes et les hommes » (sic !). Mieux encore, le même « alcalde » (maire), en passe de devenir célèbre pour sa non-intelligence, n’a pas hésité une seule seconde pour aller jusqu’au bout du non-sens en affirmant que cette fresque n’existant pas il y a quelques années, il est entendu qu’elle peut revenir à l’inexistence.

Comme toutes les œuvres d’art n’existaient pas avant leur création, il est donc totalement légitime de les détruire, donc démolissons avec entrain la Sagrada Familia et brûlons joyeusement tous les exemplaires de Don Quijote de la Mancha ! Selon ce brillant avocat, issu de la prestigieuse Université Pontificale de Comillas, la destruction a la valeur même démocratique que la création. Peut-être sous-entend-il par là, le déboulonnage de statues lors du démantèlement du Bloc de l’Est, car selon ses alliés néo-fascistes de Vox, « les jours du marxisme pseudo-culturel sont comptés » (sic).

Toujours empêtré dans ses alliances contradictoires, mais parfois faisant preuve d’un peu plus de bon sens que le Partido Popular, Ciudadanos s’est quelque peu désolidarisé de cette initiative, mais en ménageant la chèvre et le choux. Begoña Villacís, la leader locale du parti de centre droite devenue adjointe au maire, s’est positionnée en accusant la gauche d’avoir promu « un féminisme sectaire et exclusif » (sic), mais s’est déclarée défavorable à la suppression de l’actuelle fresque au motif que « le sectarisme n’est pas combattu avec le sectarisme » (sic).

Plusieurs centaines d’habitants du district de Ciudad Lineal se sont mobilisés pour la défense de la fresque et une pétition en ligne a dépassé le 56.000 signatures. Cette œuvre de street art, réalisée à l’époque avec l’approbation de toutes les composantes du paysage politique madrilène, porte la légende « La unión hace la fuerza » (L’union fait la force), avait en 2018 été choisie par les riverains entre plusieurs projets.

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