Le mythe d’une gauche unie en France, un joli rêve?

Les ténors de la gauche française sont d’accord sur un point – si la gauche était plus solidaire et soudée, elle ferait de meilleurs scores. Vraiment ?

Emmanuel Macron est sûr que le PS se porte plutôt bien. Il est bien seul dans cette analyse... Foto: Copyleft / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0

(KL) – «Ah, si seulement la gauche était moins éparpillée, plus solidaire…», regrettent les ténors de la gauche française depuis dimanche soir. Alors – si leur vœu était exaucé, il se passerait quoi ? Cette gauche totaliserait alors 27,94% des votes et si on y ajoutait les votes récoltés par les Verts (EELV), cette «gauche» arriverait à 29,97% des votes – et toujours loin du pouvoir. Il serait temps que la gauche française arrête de se voiler la face. Seule une analyse froide et réaliste pourrait aider les partis de la gauche à trouver une nouvelle voie pour éviter la dégringolade lors des prochaines échéances électorales.

Les chiffres sont ce qu’ils sont – et les résultats du premier tour des élections départementales ne mentent pas – UMP/UDI/UD arrivent en tète avec 28,75% des votes, le Front National suit à 25,19%, le PS (avec le PRG / UG) ne totalise que 21,85%. Bien entendu, le Front de Gauche, associé au Parti de Gauche et au PC, arrive à 6,09%, tandis que les Verts (EELV) risquent de se noyer dans l’insignifiance politique la plus totale – seulement 2,03% des électeurs font encore confiance aux écologistes. Ou, pour le dire de manière plus schématique, deux tiers des Français votent actuellement pour des formations de la droite et de l’extrême-droite, et seulement un tiers des électeurs se retrouve encore dans les partis de la gauche. Et la moité de l’électorat dans aucun parti.

Inutile donc de se lamenter sur les conditions de ce scrutin (que le PS, en tenant compte de la réforme territoriale et des compétences à revoir des différents échelons administratifs, n’aurait pas du organiser à ce moment précis) – la gauche se doit d’analyser plus profondément les raison de ses échecs à répétition. Ce qui implique un exercice qui ne compte pas parmi les exercices préférés de la gauche – se remettre en question, reconnaître des erreurs, élaborer des plans d’amélioration. Mais généralement, la gauche se plait dans le rôle de ceux qui savent tout et qui, par définition, ne commettent pas d’erreurs. Ce qui, en particulier sous la direction de Hollande / Valls, est faux.

Le PS, malheureux héritier d‘une situation causée par celui qui aujourd‘hui, se comporte comme le Messie revenu pour sauver son pays, n‘a pas tenu beaucoup de ses promesses électorales. Au contraire, les gouvernements Ayrault et Valls ont accumulé les échecs, le Président Hollande n‘a su se montrer qu‘une seule fois à la hauteur des attentes de ses électeurs (en se comportant dignement après les attentats de Paris) et pour le reste, il semblerait à ce que l‘homme ait oublié tout ce qu‘il avait dit avant d‘être élu en 2012.

Souvenons-nous de son discours le soir des élections, lorsqu‘il annonçait aux banques «la fin de l`époque de la spéculation», souvenons-nous de ses jolis discours sur la «transition énergétique», de sa promesse de fermer la centrale de Fessenheim, de cet espoir de voir la France mener une politique humaine, humaniste et sociale. Ou pensons à ce que Hollande avait dit par rapport au chômage : «Je veux être jugé sur les chiffres du chômage», avait-il déclaré, «que je vais réduire à moitié». Depuis, quasiment tous les mois, l‘INSEE publie de nouveaux chiffres records et aujourd‘hui, François Hollande n‘a peut être plus tellement envie d‘être jugé sur son bilan…

Mais, comme toujours en politique, c‘est systématiquement la faute aux autres. Et c‘est cette attitude qui fait fuir les électeurs qui cherchent refuge chez des gens que l‘on ne peut certainement pas considérer comme des «porteurs d`espoir» – mais chez les Français, on commence à se dire que dans tous les cas, cela ne pourrait pas être pire que maintenant. Ce qui est faux aussi.

Seul Emmanuel Macron, ministre des finances et de l’économie, ne trouve rien de grave à cette situation : «Il suffit qu’on accélère les réformes, qui donneront des résultats fin 2015, début 2016 et cela nous permettra de récolter le succès politique», a-t-il commenté. Si c’est si facile que cela, on se demande pourquoi le PS a attendu si longtemps avant de se mettre au travail…

Le glas a sonné pour le PS et il faudra du courage, un remplacement des ténors du parti, une cure de jeunesse dans l‘organigramme du PS, pour espérer de pouvoir inverser la tendance actuelle. Autrement, ce sera la gauche qui aura envoyé la France entre les griffes d‘une droite bleue, avec un nuancier qui est et restera inquiétant. Car il y a des nuances de bleu qui virent dangereusement vers le marron…

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