Le nouveau maire de Cologne ne sait toujours pas qu’elle est élue

Blessé lors d'un attentat samedi, le nouveau maire de Cologne Henriette Reker est toujours dans un coma artificiel. L'attentat a été commis par un xénophobe connu par la police.

Les citoyens de Cologne sont choqués par l'attentat commis sur la personne de Henriette Reker. Et ils sont solidaires. Foto: (c) Superbass / CC-BY-SA 4.0 / via Wikimedia Commons

(KL) – Hier, le nouveau maire de la ville de Cologne, Henriette Reker, était toujours dans le coma, Si ses jours ne sont plus en danger, Henriette Reker mettra longtemps à se remettre de cet attentat brutal. Samedi, sur son stand de campagne à Cologne, un homme de 44 ans s’est approché d’elle en lui assenant des coups de couteau, blessant également plusieurs membres de l’équipe de la candidate (SE, soutenue par la CDU, le FDP et les Verts). Probablement, Henriette Reker n’apprendra que dans quelques jours qu’elle a été élue au premier tour avec 52,7% des votes.

Le fond de cet attentat est la xénophobie et ils sont nombreux à porter une part de la responsabilité pour cette tentative de meurtre. Car l’homme, connu des services de la police comme un extrémiste xénophobe, s’est attaqué non pas à la candidate, mais à la femme qui dirigeait pendant cinq ans les services de l’intégration de la ville de Cologne (800 000 habitants) et qui était donc responsable pour la gestion des réfugiés arrivant dans la ville. Voilà le résultat du discours de haine des responsables politiques qui tentent de capitaliser sur les craintes dans la population en insistant «que le bateau est plein», n’est-ce pas, Monsieur Seehofer.

Depuis l’émergence de la «Pegida» qui fêtait hier son premier anniversaire à Dresde, la violence xénophobe dans la rue a dramatiquement augmenté – la faute aussi à ceux qui stimulent cette haine, qui veulent faire croire aux populations que les réfugiés qui arrivent depuis des zones de guerre, ne viennent que pour se la couler douce sur le dos des allemands et des européens. Cette haine, qui se traduit aussi par la nouvelle loi sur l’asile allemande qui comporte des éléments qui s’attaquent directement à la dignité humaine des réfugiés (internement, remplacement de l’argent de poche par des «prestations en nature», expulsions même en hiver etc.), constitue une invitation aux faibles d’esprit d’aller «défendre l’Occident» dans la rue – en incendiant des structures d’accueil, en s’attaquant physiquement et verbalement aux étrangers, en commettant des attentats comme celui de samedi. Leurs actes de violence trouvent leur «justification» dans le discours politique – qui commence à se ressembler entre la CDU, la CSU, le SPD et même chez certains Verts. Sans parler de l’AfD, bien entendu, qui compte parmi les formations politiques qui sympathisent ouvertement avec la «Pegida». Qui prêche la haine, récolte la violence, il y a une logique à ça.

Henriette Reker, le maire qui s’ignore pour l’instant, deviendra le symbole du refus de cette haine qui s’installe actuellement aux antipodes de cette «Willkommenskultur» dont l’Allemagne était tellement fière fin août, début septembre, lorsque la chancelière Angela Merkel avait réagi de manière humaniste en ouvrant les frontière pour les réfugiés qui arrivaient massivement. Mais la xénophobie et la violence semblent prendre le dessus et des xénophobes ressemble étrangement aux hordes de la SS qui semaient la terreur dans les rues allemandes en début des années 30 du siècle dernier. Eux aussi pensaient qu’il fallait «sauver la civilisation», à l’époque, du «danger juif», aujourd’hui, du «danger des réfugiés».

Le monde politique allemand qui verse aujourd’hui des larmes de crocodile, doit s’interroger sur les causes et les effets. On ne peut pas suggérer à la population qu’elle soit en danger à cause des réfugiés, tout en espérant que les extrémistes ne prennent pas ce discours comme une invitation à transgresser toutes les conventions d’une société civilisée. Les xénophobes qui manifestent par milliers dans les rues de Dresde, devenue la capitale de «l’Allemagne sombre», tout comme l’extrémiste ayant essayé d’assassiner Henriette Reker, sont les produits d’un discours politique qui se fiche du sort des réfugiés et qui ne cherche qu’à sauvegarder le petit confort des autochtones.

On voit bien où ce discours mène – et il faudra que l’attentat de Cologne serve comme exemple aussi pour les autres pays européens où l’on entend le même discours de haine prononcé par l’extrême-droite.

Heureusement que Henriette Reker ait survécu à ce terrible attentat, mais il est fort à craindre qu’il ne s’agit pas du dernier incident de ce type si les responsables politique continuent à angoisser inutilement les populations. La seule qui garde actuellement le cap, c’est Angela Merkel. Mais la chancelière est aujourd’hui isolée au sein de son propre parti, la CDU, et au niveau européen.

Bon rétablissement à Henriette Reker !

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