Le PAN tente la stratégie du pied dans la porte

Au Portugal, le parti « Pessoas – Animais - Natureza (PAN) », est à la manœuvre, malgré son jeune âge et son petit nombre d’élus.

A Lisbonne, les lions gardant l’entrée de l’escalier du « Palácio de São Bento », ne peuvent qu’apprécier et soutenir l’initiative du PAN. Foto: Joaomartinho63 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Le parti « Pessoas – Animais – Natureza (PAN) » défendant conjointement les droits des personnes, des animaux et de la nature, a déposé début octobre devant les parlementaires portugais, un projet de loi visant à criminaliser la maltraitance et l’abandon de tout animal, quel qu’il soit. Créé en 2009, entré à l’Assemblée de la République en 2015, au Parlement Européen en 2019 et à l’Assemblée Régionale des Açores en 2020, ce parti au centre-gauche de l’arc politique portugais, ne se voit pas dans l’opposition systématique, mais entend faire avancer les causes qu’il défend, en alimentant le débat avec des propositions concrètes.

En juillet 2020, l’Assemblée de la République avait durci la législation relative aux mauvais traitements infligés aux animaux de compagnie. Contrairement à l’Espagne voisine, où depuis 1995 la maltraitance d’un âne ou d’un cheval est criminalisée, il n’en va encore pas de même au Portugal. Ceci dit, quid des chevaux qui dans l’arène, se font « accidentellement » encorner, notamment lors des « corridas de rejón » (corridas à cheval) ?

Les législateurs espagnols gagneraient à se pencher sur ce sujet, tout comme les parlementaires portugais, pays ou se pratique aussi ce spectacle d’un autre temps, appelé ici « tourada ». A ceci près que la mise à mort du taureau en public y est interdite par la loi depuis 1928, de même que les picadors lors de ce qu’on appelle aussi course taurine. Force est tout de même de reconnaître que dans le domaine tauromachique, le Portugal se place devant l’Espagne et la France.

Si ce sujet reste sensible, il demeure marginal en regard de l’élevage industriel qui est aussi une maltraitance infligée à des animaux. Mais le PAN a visiblement choisi de mettre le pied dans la porte plutôt que dans le plat. Ce qui, en termes de stratégie, a le mérite de laisser entendre que ce parti fait montre de pédagogie, sans renoncer à ses ambitions et trahir les causes qu’il défend. Ainsi, ses contradicteurs ne peuvent-ils pas le taxer radicalisme talibanesque, et qualifier ses membres d’idéologues hors-sol.

C’est ainsi que le gouvernement portugais, ne demeurant pas sourd aux arguments d’un parti minoritaire, les a repris à son compte en versant 700.000€ aux associations de protection animale. Ce qui, pour Paula Inês Alves de Sousa Real, présidente du groupe PAN comptant 4 élus à l’Assemblée de la République depuis 2019, est un bon début, mais demeure insuffisant car « il est essentiel que l’État commence à payer cette dette qu’il a envers les associations de protection animale » (sic).

Des propos qui hors contexte pourraient choquer, mais mis en perspective avec l’histoire et l’évolution de la société portugaise, sont parfaitement entendables. Tellement entendables que le Gouvernement a fait un geste n’ayant rien de juste symbolique. Mais en 2022, il restera du travail et des initiatives à financer en partie par de l’argent public, car les associations de protection animale ne sont pas opposées à des financements privés tant qu’ils sont légaux et éthiques.

Il est à noter que c’est la première fois qu’au Portugal, un soutien direct est accordé par l’État au monde associatif de la protection animale. Les associations souhaitant en bénéficier, ont jusqu’au 15 novembre pour déposer leurs candidatures. 600.000€ sont alloués aux dépenses des associations pour les produits et services médico-vétérinaires, tandis que 100.000€ sont destinés à la stérilisation des chiens et des chats. On peut alors supposer que si le Gouvernement participe au financement des soins dispensés aux animaux recueillis, ces derniers étant domestiques ou non, il ne va pas rester sans agir face à ceux qui les abandonnent et les maltraitent. D’où le projet de loi du PAN, demandant à criminaliser ces actes odieux, quelle que soit l’espèce touchée par ces comportements déshonorant l’Humanité.

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