Le patronat allemand est favorable à l’immigration

Avec une prise de position en faveur de l’immigration, le patronat allemand ajoute une autre dimension au débat sur l’immigration en Allemagne. Même si ce n’est pas tout à fait désintéressé…

L'avenir de l'économie allemande dépendra, en partie, de la capacité des allemands d'intégrer des étrangers. A bon entendeur. Foto: Betoseha / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Rainer Dulger est le président de la Fédération patronale de la Métallurgie (Arbeitgeberverband Gesamtmetall – AVG) allemande. A un moment où la violence contre les demandeurs d’asile, les réfugiés et les immigrés devient quotidienne outre-Rhin, il a pris une position surprenante qui a le potentiel d’apaiser un peu les esprits surchauffés. Il demande à ce que les demandeurs d’asile soient mieux intégrés et a fait deux propositions concrètes. Qui, dans un premier temps, pourraient contribuer à résoudre un problème de l’économie allemande, mais qui accessoirement, ont le potentiel de faire réfléchir l’un ou l’autre parmi ceux qui applaudissent aujourd’hui les actes de violence dirigés contre les étrangers.

«Il faut accorder le droit de travail aux demandeurs d‘asile dès le premier jour qu‘ils soient autorisés à séjourner sur le territoire allemand», propose Dulger, donc, également pendant la durée de leur procédure de demande d’asile. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Actuellement, les demandeurs d’asile sont confinés à l’inertie, le temps que leur procédure soit définitivement décidée. Considérant que la grande majorité des demandeurs d’asile aimerait avoir une activité rémunérée, ceci faciliterait l’intégration à plusieurs niveaux.

Le fond de cette proposition n’est pas un altruisme courageux et à contre-courant du discours politique et de l’ambiance xénophobe qui se répand en Allemagne, mais le changement démographique qui se cache derrière les «excellents» chiffres de l’emploi allemand. Dans une société vieillissante comme aucune autre société en Europe, de moins en moins d’actifs doivent porter les systèmes sociaux d’un nombre croissant de retraités. Dans de nombreuses industries, surtout dans les industries modernes et technologiques, l’Allemagne connaît déjà une pénurie de main d’œuvre qualifiée qui, à la longue, risque de freiner sec l’essor de l’économie allemande. En clair – l’Allemagne a besoin de l’immigration pour parer à la baisse de natalité pour continuer à tourner.

L’esprit de la démarche devient encore plus visible dans la deuxième proposition faite par Rainer Dulger : «Il faut accorder le droit de séjour permanent à tout jeune immigré ayant accompli une formation professionnelle en Allemagne. Il est inconcevable que nous investissons dans la formation de jeunes pour les renvoyer chez eux, une fois qu‘ils sont bien formés !» Si ce discours est assez intéressé, il a le potentiel de faire comprendre aux xénophobes que l’avenir de l’économie allemande dépendra en partie, de la capacité d’intégrer des immigrés.

Contrairement au discours politique qui ne cesse d’avertir les allemands sur un prétendu danger social qui accompagnerait l’immigration, la démarche du patronat veut faire comprendre aux allemands que non seulement, l’immigration est une nécessité économique pour l’Allemagne, mais que l’intégration constitue la base d’un vivre-ensemble paisible au pays.

Après un week-end qui a une nouvelle fois été marqué par des violences contre des structures d’accueil pour réfugiés, des manifestations solidaires en faveur des réfugiés et des attroupements de «crânes rasés», on constate qu’une fissure traverse la société allemande. A un tel moment, la voix de la raison du patronat allemand peut contribuer à conduire les débats dans une direction plus calme. Il serait temps.

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