Le PKK annonce sa dissolution

Coup de tonnerre en Turquie – suite à l'appel de son leader incarcéré Abdullah Öcalan, le PKK a annoncé sa dissolution. Une dernière chance pour la paix ?

Le leader du PKK a appéllé à la dissolution du PKK - pour donner une chance à la paix. Foto: Jan Maximilian Gerlach / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Selon les nouveaux standards européens, Abdullah Öcalan, le leader historique du PKK, n’a ni courage, ni honneur, autrement il aurait appelé à la guerre sans merci contre la Turquie, jusqu’à la victoire finale, comme le font aujourd’hui les « héros du canapé » en ce qui concerne l’Ukraine. Mais Abdullah Öcalan estime que les 40.000 morts que le conflit entre la Turquie et les Kurdes a coûté depuis 1984, suffisent. Ainsi, et c’est surprenant, Öcalan prône quelque chose qui aujourd’hui, est méprisé par les Européens – la paix.

Pourtant, ce sont les Kurdes qui, depuis des décennies, se font attaquer partout où ils se trouvent – en Turquie, en Syrie, en Irak. Mais Öcalan estime qu’il y a eu trop de victimes, trop de souffrances, plus d’issue – et il a donc appelé le PKK à déposer les armes et à se dissoudre, ouvrant ainsi une dernière voie qui pourrait mener à un vivre-ensemble entre Kurdes et Turcs. Considérant que le président turc Erdogan est de plus en plus faible dans les sondages, il y a des chances que la Turquie expérimente un changement politique lors des prochaines élections et choisir la voie de la paix n’est pas un signe de faiblesse ou d’un manque d’honneur de la part d’Öcalan, mais un acte d’humanité qui cadre mieux avec les « anciennes valeurs » européennes qui, il n’y a pas si longtemps que ça, mettait la paix au cœur de son action, ce qui lui avait même valu le Prix Nobel de la Paix.

A un moment où les Européens ont découvert la diction guerrière, ou « force et honneur » sont à nouveau plus importants que « paix et vivre-ensemble », l’initiative d’Abdullah Öcalan est louable. Toutefois, la Turquie n’a pas encore réagi à cette décision du PKK. Visiblement, Ankara ne sait pas encore trop comment se comporter avec un leader kurde qui a remplacé le discours de la haine par une approche réaliste et paisible.

Mais dans un monde qui s’enthousiasme davantage pour la guerre que pour la paix, le résultat de cette initiative d’Öcalan est tout sauf sûr. Après tout, le PKK avait déjà déclaré à deux reprises (en 2000 et en 2013) un cessez-le-feu unilatéral, ce qui avait à l’époque, déclenché des violences intensifiées par l’armée turque. La différence par rapport à l’initiative actuelle étant qu’à l’époque, le PKK n’avait pas déclaré sa dissolution.

Ainsi, le PKK et Abdullah Öcalan donnent une chance à la paix. Même si cette attitude n’est plus très européenne aujourd’hui, il serait souhaitable que le monde occidental soutienne cette initiative et œuvre pour que la Turquie ne profite pas de cette situation pour tenter d’éradiquer la population kurde. Choisir la paix à un moment où presque le monde entier veut la guerre, est un acte courageux et d’honneur de la part d’Abdullah Öcalan et on ne peut que lui souhaiter que cette initiative soit couronnée de succès. Ce serait une bonne nouvelle pour une région entière qui se trouve actuellement dans une grande instabilité.

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