Le plastique c’est fantastique ?

Même le "bio" n'est pas toujours servi dans des bouteilles "politiquement correctes"... Foto: Franck Dautel / CC-BY-SA 3.0

(Par Franck Dautel) – On trouve pour l’heure ces bouteilles sous différentes marques y compris pour du lait Bio, chez Carrefour, Monoprix-Casino, Système-U et Intermarché. Des millions de bouteilles vendues dans ces commerces qui chaque jour finissent par perturber les centres de tri où elles arrivent mélangées à celles qui sont recyclables encore majoritaires. Au-delà de 15% de ce nouveau plastique mélangé au reste, le recyclage de l’ensemble n’est plus possible. L’ensemble est alors sorti du processus de recyclage. Nous en sommes aujourd’hui au grand minimum à 12% de mauvais plastique d’après Eco-Emballage, c’est dire s’il est urgent d’agir !

Les centres de tri français sont techniquement incapables de recycler ce nouveau matériau, ils n’ont pas été conçus pour l’identifier et le séparer ainsi du reste des déchets. Le gâchis est énorme et lourd de conséquences. Ce sont tout d’abord des millions de bouteilles de plastique non-recyclable qui vont terminer dans des décharges ou des incinérateurs. Ces deux modes de traitements polluants ayant des impacts importants sur la santé et le climat. De plus, cette nouvelle matière perturbe lourdement les chaines de tri des centres ce qui entraîne des répercussions sur le tri des autres bouteilles en plastique et bien entendu génère des coûts supplémentaires. Ces centres rencontrent habituellement bien entendu des erreurs de sélection d’emballages de la part des usagers. Des erreurs qui perturbent le tri en raison des matériaux qui les composent mais cela reste souvent à la marge. Dans le cas de ces nouvelles bouteilles, c’est la première fois que cela concerne un produit de grande consommation comme le lait.

Comment reconnaître et éviter ces mauvaises bouteilles ? - L’information se trouve sur le fond des bouteilles, à l’extérieur, c’est très simple : le code 1 PET opaque est non-recyclable, le code 2 PEHD est recyclable !

Pourquoi les industriels ont-ils décidé d’utiliser ce matériau ? - Une question de coût, évidemment… Leurs dents (de lait?) sont longues ! Le PET opaque coûte environ 20% moins cher que le PEHD. De plus les coûts impliqués par le fait que le PET opaque n’est pas recyclable retomberont sur les collectivités locales qui devront adapter les chaînes de tri. Les industriels qui utilisent ces bouteilles font des économies, mais ils ne contribuent pas plus à la prise en charge de ces déchets. Le cahier des charges d’Eco-Emballages (société privée agréée par l’Etat) prévoit pourtant l’application de malus aux producteurs et aux distributeurs d’emballages peu ou pas recyclables et perturbateurs de tri. Or, cet organisme refuse toujours d’appliquer ces malus et le ministère de l’environnement qui est au courant reste silencieux.

On fait quoi ? - C’est à nous consommateurs de nous mobiliser contre cette tendance dangereuse pour l’environnement et la santé. Attendre que la filière de tri s’adapte serait catastrophique. Commençons par refuser ces bouteilles par un geste simple et efficace. Les lois du marché produiront ensuite et rapidement un effet qu’il faut souhaiter bénéfique en supprimant purement et simplement l’utilisation du PET 1 opaque !

Mardi 1er février 2017 : Sous la pression notamment de l’association Zero Waste France “La ministre de l’Environnement Ségolène Royal demande à Eco-emballages de mettre en place un malus sur l’éco-contribution des emballages non recyclables. L’éco-organisme qui représente notamment les fabricants d’emballages plastique a 15 jours pour proposer une modulation de ses tarifs et mettre en place un malus sur le PET opaque. Ségolène Royal demande que le malus proposé soit suffisamment élevé pour annuler les avantages économiques de cette résine. En parallèle, un groupe de travail vient de se mettre en place pour créer une filière de recyclage. Si aucune technologie de recyclage n’émerge, j’envisagerai l’interdiction du PET opaque”, explique la ministre.

“Certains ont grand appétit : si on leur donne à téter, ils boivent le lait puis dévorent le sein.”
François Cavanna / La Hache et la Croix.