Le plus important, c’est qu’ils soient contents d’eux-mêmes…

La haute politique continue à s’auto-congratuler pour son « excellent travail » en faveur de la coopération transfrontalière. Les responsables politiques doivent vivre dans un monde parallèle…

C'est ça. C'est exactement ça. Foto: Bernd Schwabe / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Le 11 Février dernier, le « Comité franco-allemand de coopération transfrontalière » instauré par le Traité d’Aix-la-Chapelle s’est réuni (virtuellement) pour la première fois, à l’occasion du lancement des travaux du nouveau Secrétariat installé à Kehl. La réunion, coprésidée par la Préfète de la Région Grand Est Josiane Chevalier et par Gisela Erler, Secrétaire d’état pour la société civile et la participation citoyenne du Bade-Wurtemberg, était une merveilleuse occasion pour s’assurer mutuellement que tout le monde au niveau politique fasse un super-travail en faveur de la coopération transfrontalière.

C’est la « qualité du dialogue hebdomadaire » qui satisfait les acteurs politique en tout premier lieu. C’est bien qu’ils s’entendent bien, mais en même temps, on a l’impression que les hauts responsables ne connaissent pas très bien les réalités des gens qui habitent dans les régions frontalières. Car pour eux, ça se passe déjà largement moins bien que pour ceux qui sont tellement satisfaits de leurs échanges.

Ce « Comité franco-allemand de coopération transfrontalière » a une mission bien définie et en temps normal, on ne pourrait que se réjouir de ces échanges. Ce comité est chargé de surveiller et de soutenir la mise en œuvre des « projets phares » décidés au niveau politique et malgré son nom peu « sexy », ce comité est d’une importance majeure. Seulement voilà, à un moment où à Berlin, Paris, Stuttgart, Mayence et Sarrebruck, on parle à nouveau de la fermeture de la frontière (nuance : on ne parle pas de « fermeture » de la frontière qui elle, restera sans doute officiellement toujours ouverte, mais on parle de mesures qui dans les faits, rendent le passage de la frontière impossible pour la plupart des gens…), ce genre de communication ne risque pas d’augmenter la confiance des populations en leur monde politique.

Une communication un peu plus humble, un peu plus réaliste, serait certainement davantage indiquée que ces communiqués de presse qui dégoulinent d’autosatisfaction déplacée. Tous ceux qui vivent à proximité de cette frontière franco-allemande savent très bien qu’actuellement, rien ne va plus entre la France et l’Allemagne, à l’exception de la perméabilité de cette frontière pour ceux qui vont travailler de l’autre côté et les rares personnes qui présentent une « vraie » raison impérieuse pour traverser cette frontière. Se féliciter à ce moment du bon travail fait au niveau politique, c’est presque indécent. Car dans les faits, la vie transfrontalière est arrivée au point mort, les ressentiments fleurissent de part et d’autre de la frontière et ceux qui travaillent réellement dans les relations entre nos deux pays, le savent – on mettra longtemps pour réparer tous les dégâts infligés depuis un an à cette région frontalière.

Donc, c’était la première réunion de ce « Comité franco-allemand de coopération transfrontalière » dont on attend beaucoup à l’avenir. Mais une fois de plus, on constate que dès lors le monde citoyen est exclu de l’action politique, ce monde politique se situe tellement loin des réalités des citoyens et citoyennes qu’il ne se rend même plus compte des réalités que vivent les gens quotidiennement. Question : ne serait-il pas possible d’intégrer systématiquement des citoyens issus du monde associatif ou autrement engagés dans ces comités et groupes de travail, histoire de permettre à la haute politique de ne pas totalement perdre la connexion avec le monde réel ?

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