Le Portugal organise sa campagne de vaccination

Le Centre de Santé de Figueira da Foz, commune du district de Coimbra, située sur la côte Ouest du Portugal. Foto: Threeohsix / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le Premier Ministre António Costa annonçait fin novembre que le Portugal était prêt à acheter 16 millions de doses de vaccins contre la Covid-19. Le Gouvernement créait alors une « task force » chargée de coordonner l’ensemble du plan de vaccination. Partant de la stratégie et passant par la logistique, ce groupe de travail dispose d’un mois pour définir l’ensemble du processus vaccinal.

Mandaté pour six mois renouvelables en fonction de l’avancement de la campagne de vaccination, il est coordonné par Francisco Ramos, ancien Secrétaire d’État Adjoint Chargé de la Santé. Composée de plusieurs autorités et institutions médicales reconnues, cette « task force » bénéficie de l’appui de l’état-major des forces armées. Ses membres ne perçoivent aucune rémunération spécifique pour remplir leur mission.

Il entre aussi dans ses attributions de définir un plan de communication avec la population, afin de mettre à sa disposition, des informations claires et objectives. Il lui incombe également d’auditionner des organismes compétents, comme par exemple les associations de professionnels. Pour les archipels de Madère et des Açores, régions autonomes, la meilleure coordination possible avec les organismes locaux doit être recherchée.

Comme dans d’autres pays européens, mais d’une façon différente, cette vaccination fait débat et le gouvernement portugais entend aussi lutter contre la désinformation. Par ailleurs, le rôle de la « task force » ne se limite pas à la planification de la campagne et à l’administration des vaccins, mais elle doit aussi assurer un suivi clinique post-vaccinal et un relevé des éventuels effets indésirables.

La question de la vaccination des personnes âgées a été à l’origine d’une polémique, poussant António Costa à exprimer clairement son opposition à l’idée véhiculée par certains médias qu’à partir de 75 ans, l’absence de comorbidités pourrait être un facteur d’exclusion du programme vaccinal. L’Histoire retiendra peut-être sa déclaration : « Il n’est pas admissible de renoncer à protéger la vie en fonction de l’âge. Les vies n’ont pas une date d’expiration. – Não é admissível desistir de proteger a vida em função da idade. As vidas não têm prazo de validade. »

Avis partagé par la « task force » et exprimé par son coordonnateur Francisco Ramos. Bien que des groupes prioritaires soient en cours d’identification, toutes les personnes âgées vivant en institutions ou non, auront accès au vaccin. Marcelo Rebelo de Sousa, le Président de la République, partage également le point de vue du Premier Ministre, qualifiant même de stupide l’idée que les personnes âgées, dans leur ensemble, ne soient pas prioritaires.

António Lacerda Sales, actuel Secrétaire d’État Adjoint à la Santé a garanti que la vaccination n’aura pas de limite d’âge, les personnes âgées et les patients souffrant de comorbidités étant prioritaires. L’Ordre des Médecins (Ordem dos Médicos) met en avant, dans un communiqué de presse, la nécessité de transparence et d’équité dans le processus. La polémique relative à la supposée exclusion des plus de 75 ans sans comorbidités venait, comme le souligne l’Ordre des Médecins, du simple fait que des responsables de la Direction Générale de la Santé (DGS) avaient proposé de prioriser, entre autres, les personnes de la tranche 50-75 ans souffrant de maladies graves.

Alors que dans d’autres pays européens la fronde des « antivax » gagne du terrain, au Portugal l’opinion publique s’est, suite à un malentendu, émue d’une supposée exclusion des plus de 75 ans n’ayant pas de comorbidités ! Ce qui n’est guère étonnant lorsqu’on se réfère à l’étude publiée par la Commission Européenne « State of Vaccine Confidence in the UE 2018 » où le Portugal est très bien placé.