Le Portugal protège mieux ses animaux de compagnie

L'Assemblée de la République a revu la législation relative aux mauvais traitements infligés aux animaux de compagnie.

Chien d'eau Portugais (Cao de Agua Portugues) s'adonnant en boucle à son jeu préféré. Foto: Amigodopescador / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(Jean-Marc Claus) – Au Portugal, la révision du régime des sanctions applicables aux auteurs de mauvais traitements infligés à des animaux de compagnie était dans les tuyaux depuis quelque temps. Après débats sur plusieurs moutures et diverses initiatives, le texte final a obtenu un large consensus lors de son vote le  23 juillet 2020.

Désormais, quiconque tue un animal de compagnie sans raison légitime est passible d’une peine d’emprisonnement de 6 mois à 2 ans, ou d’une sanction financière allant de 60 à 240 jours-amende. Lorsque les circonstances de la mort de l’animal relèvent d’une perversité avérée, les sanctions peuvent être augmentées d’un tiers. La maltraitance, et plus spécifiquement la torture, sont des facteurs aggravants. Laisser un animal de compagnie sans soins est passible d’un emprisonnement allant jusqu’à 6 mois, ou d’une sanction financière allant jusqu’à 6 mois de jours-amende. Si sa vie est mise en danger, les sanctions peuvent être augmentées d’un tiers.

La privation temporaire du droit de détenir des animaux de compagnie existant déjà dans le droit portugais, elle passe de 5 à 6 ans. Mais comment appliquer une telle mesure ? C’est très simple : tout animal de compagnie né sur le sol portugais ou y séjournant plus de 120 jours doit obligatoirement être enregistré au « Sistema de Infirmação de Animais de Companhia (SIAC) » (Système d’information sur les animaux de compagnie). Ce qui coûte 2,5€ pour un chat, mais peut valoir une amende allant de 50€ à 3.740€ pour non-respect de la loi pour les personnes physiques, ou 44.890€ pour les personnes morales. Qui dit enregistrement des animaux, dit aussi traçage de leurs propriétaires, et donc facilitation de l’application de la sanction d’interdiction temporaire de posséder un animal de compagnie.

Le SIAC est né en 2019 de la fusion de deux fichiers existants depuis 1992 pour l’un (SIRA), et 2003 pour l’autre (SICAFE). Ce qui montre la détermination des pouvoirs publics à lutter contre ces  comportements criminels. La loi prévoit désormais la possibilité de recourir aux forces de l’ordre – dont la police criminelle – lorsque des faits de maltraitance envers des animaux de compagnie sont avérés. La Direction Générale de l’Alimentation et des Services Vétérinaires et les municipalités, sont également impliquées dans les processus de sauvetage des animaux en péril.

Ces progrès méritent d’être salués, car depuis 2014, en incluant dans son Code Pénal des lois relatives à la maltraitance envers les animaux, le Portugal ne cesse de progresser dans ce domaine. L’abandon d’animaux de compagnie y est passible de 6 mois de prison ou 60 jours-amende. La société dite civile n’est pas inactive, comme par exemple en Algarve – tout au Sud du pays – où l’association « Animal Rescue Algarve » (ARA) tient une permanence téléphonique 24h/24 et 7j/7 destinée aux signalements des cas de maltraitance.

Mais la maltraitance envers les animaux, au Portugal comme partout ailleurs, selon des études anglo-saxonnes dont les plus anciennes remontent aux années 1980, est le fait de personnes aux profils similaires. Avoir été témoin et/ou acteur de maltraitance envers des animaux durant l’enfance constitue un facteur favorisant les comportements de maltraitance envers autrui d’une manière générale. D’où la nécessité d’agir efficacement contre les sévices infligés aux animaux, ainsi que de réaliser un travail de prévention auprès des enfants et des adolescents.

Vient alors la question de la « tourada » ou corrida portugaise, pour laquelle la mise à mort du taureau en public, interdite « de facto » dès le 18e siècle, l’est « de jure » depuis 1928. Mais il n’en reste pas moins que l’issue d’une « tourada » est le plus souvent la mise à mort du taureau, fût-ce hors de la vue du public. Sans oublier les souffrances qui lui sont infligées, ainsi que les blessures qu’il a pu occasionner aux chevaux des « cavaleiros ». Les taureaux les plus valeureux et/ou les plus chanceux, sont soignés et terminent leurs jours dans les élevages, où ils remplissent la fonction de reproducteurs.

Certaines communautés autonomes espagnoles ont interdit la pratique de la corrida : les Îles Canaries dès 1991 et la Catalogne en 2012. Le Portugal gagnerait à s’inspirer du pays voisin, pour ce qu’il a de meilleur, afin d’aller encore plus loin dans la lutte contre la cruauté envers les animaux. Ce qui n’est pas exclu car les « anti-tourada » se rendent de plus en plus visibles, comme lors de leur manifestation du 30 juillet 2020 aux Arènes de Campo Pequeno à Lisbonne.

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