Le Président allemand « persona non grata » en Ukraine

Le Président allemand Frank-Walter Steinmeier voulait se rendre à Kiev, avec ses homologues polonais, estonien, letton et lituanien. L'Ukraine lui a fait savoir qu'il n'est pas le bienvenu.

Le Président allemand Frank-Walter Steinmeier est persona non grata en Ukraine. Foto: Stephan Roehl / Heinrich-Böll-Stiftung / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Kiev, la capitale ukrainienne, est actuellement une destination de choix pour des responsables politiques européens. Que ce soit les présidentes du Parlement Européen ou de la Commission Européenne, Boris Johnson, les chefs des gouvernements tchèque, polonais et slovénien, la liste est longue. Pour manifester leur solidarité avec l’Ukraine, les présidents allemand, polonais, estonien, letton et lituanien voulaient se rendre ensemble à Kiev, mais il n’en sera rien. Le Président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a été prié de ne pas venir en Ukraine, devenant par ce biais une sorte de « persona non grata ». Par contre, l’Ukraine veut bien accueillir le chancelier allemand Olaf Scholz. A condition qu’il amène des armes lourdes. En vue des réactions en Allemagne, il se peut que Zelensky ait commis une gaffe diplomatique.

Suite à ce désaveu diplomatique, des membres de la nouvelle coalition gouvernementale à Berlin s’opposent maintenant au déplacement du chancelier Olaf Scholz à Kiev. La situation, évidemment, est compliquée. Zelensky veut des armes lourdes pour combattre l’envahisseur russe et depuis des semaines, il essaye par tous les moyens, de drainer l’OTAN dans cette guerre. De son point de vue, c’est compréhensible. Une implication active de l’OTAN dans cette guerre, augmenterait ses chances de pouvoir résister militairement, au prix du déclenchement de la IIIe Guerre Mondiale. Dans le souci de sauver son pays, Zelensky se fiche des conséquences d’une IIIe Guerre Mondiale, et donc, il ne reçoit plus que des visiteurs qui amènent des armes, de l’argent et des promesses, comme celle d’Ursula von der Leyen qui a miroité à Kiev, une adhésion rapide de l’Ukraine à l’Union Européenne, en présentant devant les caméras, un questionnaire pour candidats à l’adhésion à Zelensky.

La raison pour le désaveu de Steinmeier, est la politique allemande des dernières années vis-à-vis de la Russie. Steinmeier, qui était chef de cabinet de l’ancien chancelier Gerhard Schröder qui lui, après la fin de son mandat politique, a fait carrière dans des entreprises d’état russes, était aussi ministre des affaires étrangères sous Angela Merkel, pendant les années où l’Allemagne avait accélérée sa dépendance énergétique de la Russie. En plus, sacrilège, Steinmeier a osé se faire fort pour des initiatives visant la paix, soulignant le risque d’une escalade de cette guerre qui pourrait concerner le monde entier. Mais c’est exactement cette escalade que cherche Zelensky. Comme dit, de son point de vue, étant attaqué et sous la menace de l’Armée Rouge, cette attitude est tout à fait compréhensible. Mais il faudra quand même réfléchir si on accepte cette IIIe Guerre Mondiale pour arbitrer une guerre entre deux nations aux nationalisme énorme.

Après 6 semaines de guerre, à un moment où cette guerre devient de plus en plus cruelle (quelle guerre ne l’est pas?), il est évident que les sanctions infligées à la Russie fonctionnent. Poutine a du déjà revoir sa copie, après avoir échoué militairement dans le nord de l’Ukraine. Mais le carnage continue. On s’attend d’heure en heure à la chute de Mariupol, cette ville martyr, où on sacrifie des dizaines de milliers de vies. Capituler face à une supériorité militaire russe à Mariupol ? Jamais de la vie, on y meurt. Par dizaines de milliers. Pour la patrie. Pour le nationalisme. Dans une telle situation, utiliser le terme « paix » est mal vu, comme en 1914, comme en 1939. Dulce et décorum per patria mori…

Il est évident que Zelensky s’attend à des armes allemandes. S’il en a déjà reçu un grand nombre, il en veut davantage. Surtout des systèmes lourds, ceux qui nécessitent la présence de formateurs allemands sur place. Ainsi, l’Occident et l’Allemagne deviendraient partie prenante de cette guerre. Sachant que Steinmeier n’est pas fan d’une IIIe Guerre Mondiale, il a été décommandé. Olaf Scholz, lui, est le bienvenu, car l’Ukraine estime pouvoir obtenir de lui ce qu’elle souhaite. Pourtant, après ce désaveu cinglant, Olaf Scholz devra composer avec les autres partis de sa coalition. Si les Verts, en première ligne l’actuelle ministre des affaires étrangères Annalena Baerbock, se transforment de plus en plus en va-t-en-guerres, les libéraux du FDP voudraient que Scholz ne se rende pas dans un pays « qui vient de déclarer le Président fédéral persona non grata ».

La situation en Ukraine devient de plus en plus compliquée. De dizaines de milliers de soldats et de civils y sont tués, le pire est encore à venir. Et la communauté internationale doit décider si oui ou non, elle souhaite s’engager dans le IIIe conflit mondial. Mais cette décision appartient exclusivement à la communauté internationale et non pas à Zelensky.

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