Le prix du vaccin qui relance la conjoncture

Alain Howiller explique les « effets secondaires » des vaccinations auquel peu de gens n’avaient pensé…

"Alles wird gut" - tout rentrera dans l'ordre... inscription optimiste dans les rues de Vienne... Foto: Aschroet / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Alain Howiller) – Jamais, sans doute, l’économie n’aura été à ce point sensible aux effets d’une campagne de vaccination : comment espérer arrêter la progression d’une pandémie qui ne cesse de déjouer les pronostics, sans essayer de la prendre de vitesse grâce aux vaccins.

Toutes les mesures de confinement ou de pseudo-confinement peuvent certes freiner la progression du virus, mais comme le disait le messin Philippe Klein, Directeur français de l’hôpital « International SOS » de… Wuhan, la ville d’où est partie la Covid 19 : « Il ne faut pas chercher à freiner l’épidémie. Il faut l’arrêter ! » (DNA du 17.03)

Le virus : « maître des horloges » ? – Il faut, au premier chef, l’arrêter pour préserver la population d’une pandémie qui sème la mort, mais il faut aussi essayer de la stopper pour sauver l’économie mondiale qui est partie à la dérive ! La stabilité toute relative -le « plateau »- que les spécialistes avaient cru déceler en analysant les courbes de développement du virus, est à nouveau battue en brèche, aussi bien en France qu’en Allemagne, accompagnée par des querelles politiques de mise en cause des pouvoirs en place : la perspective d’élections en vue pousse trop souvent, comme dans le monde d’avant, la Covid à des prises de position, des prises de parole bien éloignés désormais de ce consensus qui avait marqué les débuts de la crise sanitaire.

Les dernières mesures prises n’échappent pas à cette évolution : « Le virus risque fort de rester le maître des horloges », pour reprendre l’expression utilisée par Emmanuel Macron. Et François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, commentant l’état du plateau épidémique et utilisant une métaphore digne du Tour de France cycliste, de rappeler opportunément : « Là, on est sur un faux plat et l’arrivée au terme de l’étape est déterminée par le rythme des vaccins ». Faute de livraisons suffisantes pour vacciner plus largement, on continue d’essayer de freine le virus et les politiques qui nous représentent de relancer, avec une certaine dose de mauvaise foi, cette antienne qui a déjà fait tellement de mal à l’idée européenne : « C’est la faute à l’Europe ! »

Vaccins, un… rappel nécessaire. – Aux oublieux d’aujourd’hui, faut-il rappeler la genèse d’une intervention européenne qui n’était pas de la compétence de l’UE, puisque les états avaient gardé les problèmes de santé dans le giron de leur souveraineté nationale ! Initialement -qui s’en souvient ?- la France, l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas avaient imaginé de faire une commande groupée de vaccins. Redoutant de ne pas pouvoir bénéficier de livraisons à des prix compétitifs en raison de leur taille(!), les pays membres du groupe dit de Visegrad, avaient poussé à une commande européenne groupée. Les pays-membres de l’Union Européenne demanderont à la Commission de se charger du dossier, bien que la santé soit du ressort de la souveraineté nationale des états !

Il a fallu improviser, charger un service du dossier encadré par une bureaucratie envahissante, critiquée (notamment par l’Allemagne !) depuis des années, héritée du temps où… l’influence française était déterminante. Du coup, les ratées étaient inévitables : la faute à l’Europe ? Et la Hongrie de commander des vaccins russes et chinois, la Bulgarie de se tourner vers Pékin qui intéresse aussi… l’Italie, la Tchéquie et la Slovaquie achètent du vaccin russe que n’ignore plus l’Allemagne ! Une cacophonie qui se retrouvera au cœur du sommet européen des 25 et 26 Mars qui finalement aura lieu en visioconférence.

Panique au sommet européen. – Le gros morceau du sommet sera évidemment, outre les relations internationales (Chine, Russie, Ukraine, USA), la situation de l’économie et la manière, un peu « paniqueuse », dont les états essaient de combattre le virus qui continue de se développer ! Déjà engagée par l’Italie et l’Allemagne, la France a été, elle aussi, amenée à entrer dans la voie d’une territorialisation dont les mesures encadrant l’Ile de France ou les Hauts-de-France sont la manifestation la plus évidente ! Ces mesures interviennent à un moment où les constats dressés sur la santé de l’économie française s’orientaient lentement vers la reprise(1).

Dans le Grand Est, par exemple, pour l’industrie : « Février a été marqué par une embellie », relève la dernière note de conjoncture de la Banque de France qui poursuit, « …cette évolution globale recouvre des disparités sectorielles : seule la branche agro-alimentaire a enregistré un repli, alors que la production automobile comme la fabrication électrique, électronique et de machines ont été soutenues par une demande dynamique, voire très vigoureuse. Les usines des autres produits industriels (chimie, bois, métallurgie) ont augmenté un peu moins significativement leurs cadences…. Les carnets de commandes sont dans l’ensemble satisfaisants… »

Sauver plus que l’emploi intérimaire. – Pour les services marchands, la Banque de France souligne : « Le volume d’affaires continue de croître, notamment pour la programmation informatique, induisant l’embauche de nouveaux salariés… Une nouvelle hausse d’activité, plus ténue, est envisagée à court terme et s’accompagnerait d’un accroissement des moyens humain. »

Globalement, la note de conjoncture constate que dans le secteur industriel, « la production et les commandes s’inscrivent en hausse avec néanmoins un fléchissement des effectifs, une activité stable et toujours avec un recul de l’emploi ». Par ailleurs, elle souligne : « Une accentuation ténue de la demande en Mars dans les services marchands qui s’accompagnerait d’une mise en adéquation des moyens humains ». L’emploi reste, dans le Grand Est comme au niveau national, le point faible dans les prévisions qui laissent entrevoir une amélioration pour les emplois intérimaires.

Prévision réaliste ou méthode Coué ? – Comment vont se traduire dans la réalité, les mesures de territorialisation prises, quel sera leur effet au moment où le Gouverneur de la Banque de France, prévoyant une croissance positive dès ce premier trimestre, estimait que la croissance serait d’au moins 5%, voire 5,5%. « Ce serait la croissance la plus forte depuis 1973 », avait-il ajouté, précisant que le chômage (9,5% de la population active) augmenterait moins que prévu initialement.

Bruno Le Maire, le Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, s’était risqué à avancer un taux de 6% de croissance pour 2021. Olivier Dussopt, Ministre des Comptes Publics, avait, quant à lui, ajouté que malgré les mesures prises récemment : « Nous gardons la même prévision de croissance, je suis convaincu que le 6% est atteignable ! » Prévision réaliste, méthode Coué ? Pourvu que les producteurs de vaccins…. adhèrent !

(1) Voir eurojournalist.eu du 19.02.21.

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