Le PSD roumain bientôt éjecté du PS Européen ?

J’t’en donnerai, de la justice

Gelé, le PSD roumain ! Foto: Donald Trung Quoc Don / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – Le Parti Socialiste européen au Parlement européen a décidé de passer à l’action contre l’un de ses membres un peu galeux, le PSD roumain. Celui-ci risque d’être transformé en zombie gélifié jusqu’au mois de juin, où on statuera sur son sort. Pour déboucher sur une expulsion du PSE, à terme ?

On sait, et les lecteurs d’Eurojournalist(e) surtout le savent, de quelle manière les « Sociaux-démocrates » roumains ont essayé de faire passer une réforme très inquiétante de la justice et de faire ainsi passer le goût de la justice à la population roumaine. Leur bête noire, c’est Laura Codruţa Kövesi. Celle-ci dirigeait la DNA (Direction Nationale Anti-corruption), une institution excellente, qui a remporté quelques succès spectaculaires dans les années toutes récentes. Mais las : lorsque Madame Kövesi et ses lieutenants se sont approchés de trop près du premier Ministre, patatras !

Mais c’est surtout ces derniers mois que l’ambiance s’est gâtée. Les « réformes » que veut imposer le gouvernement PDS, ce sont deux ordonnances : l’une qui rend plus strictes les règles de la nomination des procureurs en chef, l’autre qui accroît l’importance de la Section d’enquête sur les infractions pénales, un organisme fondé par le gouvernement tout récemment. Plus précisément : fondé après les attaques virulentes menées contre l’admirable Laura Kövesi ; il devait faire écran devant la disparition de l’organisme placé sous l’ autorité de la magistrate incorruptible…

Récemment, grosse ficelle : la Section s’est servie d’un site internet proche du pouvoir pour attaquer juridiquement des autorités européennes dont la commissaire Vĕra Jurová et Angela Cristea, qui représente la Commission européenne en Roumanie. Les juristes stipendiés sont allés jusqu’à attaquer violemment, par ce biais cousu de fil blanc, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission… On se trouve ainsi dans une situation très analogue à celle qui secoue les relations entre le PPE et le Fidesz hongrois. Le gouvernement de Bucarest craint fort que la Commission européenne finisse par mettre en œuvre le fameux Article 7 du traité de l’Union européenne. Mais sans doute sa défense n’est-elle pas la plus efficace…

Le pouvoir “social-démocrate” s’en prend particulièrement à Madame Kövesi parce qu’il est à peu près certain qu’à moins d’un malheur très dommageable au PSD, elle dirigera le tout nouveau Parquet anti-corruption européen (http://eurojournalist.eu/laura-codruta-koevesi-au-bureau-du-procureur-general-europeen/), une institution fort bien pensée qui risque de jouer un rôle efficace contre les malversations et autres pratiques.

La semaine dernière, le Parti socialiste européen a donc figé ses relations avec le PSD jusqu’au mois de juin : plus de manifestations communes, rien qui sera entrepris avec et pour le PSD. Et parallèlement, l’ALDE, groupe européen « centriste » des libéraux et démocrates, décidera de l’exclusion ou non de sa partie roumaine, qui se trouve faire partie de la coalition au pouvoir que conduit le PSD.

Cas malheureux et dramatique, surtout pour la population, d’un parti « de gauche » qui en réalité, malgré le verrouillage utile de quelques protections sociales, a retenu du communisme ceausesquien surtout ses pratiques autoritaires et brutales, la confiscation du pouvoir par un milieu très restreint de post-apparatchiks et l’opacité la plus lovecraftienne.

Il est toujours douloureux de se confronter à de tels avatars de la social-démocratie ! Surtout à une époque où, malgré les assertions de beaucoup, elle présente une pertinence plutôt évidente.

 

 

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