Le Qatar gagne la Ligue des Champions !

Le coup d'envoi de la finale de la Ligue des Champions entre le PSG et le Bayern vient d'être donné. Mais le vainqueur de cette compétition est déjà connu : c’est le Qatar.

Le Katar traite souvent les ouvriers étrangers sur ses chantiers du Mondial 2022 comme des esclaves... Foto: Adoridant / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – PSG ? Bayern ? Au moment de la rédaction de cet article, nul ne connaît l’issue de cette finale de la Ligue des Champions. Pourtant, on connaît déjà le vainqueur : c’est le Qatar qui a réussi son pari – autant le PSG que le Bayern profitent des pétrodollars qataris, et qu’importe le vainqueur sportif, il chantera les louanges du pays hôte de la prochaine Coupe du Monde 2022, le Qatar. Le Qatar, épinglé pour ses violations fréquentes des Droits de l’Homme, a besoin de communication positive. Même si cette communication doit être acquise à coups de millions.

Le PSG, lui, appartient carrément au chef de l’Etat qatari Cheik Tamim bin Hamad al-Thani – avec les apports financiers conséquents. Le Bayern, lui, porte sur son maillot (sur le bras précisément) un écusson à l’honneur de Qatar Airways – ce qui vaut tous les ans 10 millions d’euros au Bayern. Sans parler des camps d’entraînement que le Bayern organise régulièrement et où les Bavarois sont accueillis royalement. Donc, les deux équipes sont des ambassadeurs du Qatar.

Mais cela fait désordre. Car les rapports des ONG concernant la maltraitance des ouvriers pakistanais et indonésiens sur les chantiers des stades pour la Coupe du Monde 2022 se multiplient. Logements insalubres, salaires extrêmement faibles et souvent même pas payés, accidents mortels sur les chantiers – ce qui n’a pas empêché le membre du directoire du Bayern, l’ancien international Karl-Heinz Rummenigge, de déclarer : « Moi, au Katar, je n’ai pas vu un seul esklave ». Et ça, c’est exactement le genre de communication pour laquelle le Qatar paie.

Le Qatar, richissime petit pays, a réussi à faire voter le comité exécutif de la FIFA pour un tournoi qui aura lieu au mois de décembre 2022 dans le désert, la finale ayant lieu à quelques jours de Noël. Ambiance garantie. Mais ce n’est pas l’ambiance qui intéresse le Qatar, mais la présence sur l’échiquier international, avec Doha comme centre financier et de services. Cela vaut toutes les dépenses liées à l’obtention de cette Coupe du Monde au détriment des intérêts des supporteurs du football. L’engagement financier dans le football européen, c’est une campagne de communication pour l’avenir économique du Qatar.

Donc, le vainqueur du match d’hier soir soutient activement un pays qui viole les Droits de l’Homme, qui semble vouloir acheter le football mondial avec ses pétrodollars et les équipes européennes jouent le jeu. Est-ce que quelqu’un aurait entendu un joueur, club ou une fédération critiquer ouvertement le Qatar pour ses violations des Droits de l’Homme ? Bien sûr que non – les enjeux financiers sont trop importantes.

Cette finale, jouée dans des conditions étranges à cause du coronavirus, a un sale goût. Elle est la preuve, s’il en fallait encore, que le football de haut niveau est corrompu et que les belles phrases qui veulent qu’il ne faut surtout pas mélanger le sport et la politique ont été perverties par cette Ligue des Champions. Mais qui peut résister à l’appel des gros sous ? Les clubs qui jouaient hier soir la finale préfèrent ouvrir la main, même si cela revient à cautionner un régime qui se fiche des Droits de l’Homme. Lamentable.

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