Le retour de manivelle

Beaucoup de Français sont fatigués du conflit social qui divise actuellement le pays. Si la majorité des Français est toujours prête à soutenir le progrès social réclamé, les violences, excès et slogans extrémistes comment à agacer.

Après les "gilets jaunes", les "foulards rouges" réclament un retour à la normalité en France. Foto: Page FB des "foulards rouges"

(KL) – Les « gilets jaunes » représentent environ 12% de l’électorat français, mais ils occupent la « une » des médias sans interruption depuis le 17 novembre dernier. Chaque week-end, les Français ont droit aux manifestations, au dérapages, aux confrontations. Si le gouvernement a, il y a deux semaines déjà, fait des propositions pour ouvrir un dialogue sociétal, les « gilets jaunes » continuent à coqueter avec leur non-organisation et leur refus de se mettre à table avec le gouvernement pour discuter. Mais ils ne sont pas les seuls mécontents en France – un mouvement est en train de se créer qui, lui, demande la fin de ces violences et d’un discours extrémiste et de plus en plus décomplexé. Le 27 janvier, à Paris et dans les villes de province, les « foulards rouges » appellent à une marche pour demander le retour du calme et de la paix au pays.

Désormais, il convient de bien distinguer les sujets. D’une part, il y a les revendications des premiers « gilets jaunes », qui demandaient l’annulation de la hausse des taxes sur les carburants, une revalorisation du SMIC, une hausse des retraites (du moins, en annulant la hausse sur la CSG), la réintroduction de l’ISF. Ces revendications visaient d’une part à permettre aux plus faibles revenus de pouvoir finir les fins des mois, tout en renforçant le pouvoir d’achat. Ces revendications, une vaste majorité des Français y adhère. D’autre part, il y a la radicalisation d’une partie des « gilets jaunes ». L’extrême-droite, l’ultra-extrême-droite et l’extrême-gauche ont découvert la « convergence des luttes » et s’emploient à déstabiliser l’Etat et des institutions. Le « RIC », le « Référendum d’Initiative Citoyenne » pourrait bien représenter, en l’état, un instrument totalitaire qui ouvrirait la voie vers une évolution comparable à celle qu’ont connu la Chine (avec la Révolution Culturelle) et le Cambodge (avec les Khmers rouges) – on peut s’attendre à une chasse aux intellectuels et des « élites ». Pour mémoire, la « Révolution Culturelle » en Chine et les Khmers rouges ont été à l’origine de millions de morts – il suffisait de porter des lunettes ou de parler une ou plusieurs langues étrangères pour être identifié comme « ennemi du peuple », ce qui conduisait à la peine capitale. Les revendications visant à améliorer la situation sociale en France et la revendication d’instaurer une dictature populaire en France ne sont pas identiques, et elles ne sont d’ailleurs pas portées par les mêmes personnes.

Et ceux qui n’approuvent pas la façon d’opérer des « gilets jaunes », ceux qui n’apprécient pas que ce mouvement mette maintenant de nombreux petits commerces et des emplois en péril, ceux qui sont choqués par les appels à la guerre civile, commencent à s’organiser. Ainsi, le 27 janvier, les « foulards rouges » manifesteront et demanderont à ce que l’ordre soit rétabli dans le pays. Le gouvernement ne se fera pas prier…

Force est de constater que les protagonistes des « gilets jaunes » que l’on entend le plus ne sont pas ceux qui représentent une position claire chez les « gilets jaunes » ; mais ce mouvement montre actuellement qu’il n’est pas capable d’isoler et d’éjecter de ses rangs les éléments antisémites, anti-constitutionnels et xénophobes, et que cette incapacité va jusqu’au silence face aux dérapages nombreux sur les rond-points et lors des manifestations. Mais en laissant faire les casseurs et les extrémistes, le mouvement perd de sa crédibilité, et il perd aussi le soutien de nombreux Français.

La marche du 27 janvier des « foulards rouges » pourrait marquer un tournant dans l’évolution du mouvement des « gilets jaunes ». Si les « gilets jaunes » sont toujours persuadés d’être « le peuple », une forte mobilisation le 27 janvier pourrait prouver le contraire.

A l’un ou l’autre moment, chacun en France devra décider s’il veut faire partie des solutions (qui se dessinent, mais qui doivent être négociées et mises en œuvre) ou s’il aime mieux faire partie du problème. Les violences de la rue ne peuvent en aucun cas constituer un chemin vers un avenir meilleur des Français et des Françaises ; suivre des extrémistes xénophobes, antisémites et anti-républicains non plus. L’heure est à la raison et au dialogue, si le but est vraiment l’amélioration des conditions de vie des plus faibles revenus en France. Espérons que le 27 janvier prochain, il n’y aura pas deux peuples français qui s’affronteront…

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