Le rocher des singes menace le Brexit

Le petit territoire de Gibraltar a toujours fait l'objet de toutes les convoitises. Maintenant, il pourrait être la raison pour laquelle l'Espagne refuserait le traité sur le Brexit.

Ce petit bout de paradis est un vrai casse-tête pour Theresa May. Foto: Mihael Grmek / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Gibraltar, territoire de 6,5 km2, composé principalement d’un rocher où habitent quelques 300 macaques et environ 33 000 Gibraltariens et Gibraltariennes, se situe à l’extrême-sud du continent européen et surveille le détroit de Gibraltar où l’Europe et l’Afrique ne sont séparés que par 14,4 km. Peu étonnant que cet endroit hautement stratégique ait fait l’objet de toutes les convoitises et ce, depuis l’époque des Néandertaliens dont on a trouvé des traces dans la carrière de Forbes. Gibraltar appartient depuis 1713 et le Traité d’Utrecht à la Grande-Bretagne et cela pose problème. Car sans accord sur l’avenir de ce petit bout britannique sur le territoire espagnol, les 1200 mètres de frontière entre Gibraltar et l’Espagne se transformeraient en une « frontière extérieure de l’Union Européenne ». Tant que cette question n’est pas réglée, l’Espagne menace d’utiliser son veto contre un éventuel accord entre l’Union Européenne et la Grande-Bretagne.

Les macaques gibraltariens se grattent la tête et il est vrai que la situation concernant Gibraltar est difficile et tendue à tous les niveaux. Les Gibraltariens se considèrent comme bons sujets de Sa Majesté la Reine Elisabeth II, mais en même temps, ils sont sans doute les plus grands supporteurs britanniques de l’Union Européenne. Lorsqu’en 1967, les citoyens avaient le choix entre l’appartenance au Royaume-Uni ou à l’Espagne, 99,64% des Gibraltariens s’étaient prononcés en faveur de la Grande-Bretagne – mais lors du référendum sur le Brexit, plus de 96% ont voté contre le Brexit. De bons Européens et de bons Britanniques, eh oui, ça existe.

Mais comment faire alors ? Depuis 1960, l’Espagne réclame la restitution de Gibraltar, arguant qu’il est inconcevable dans une Europe unie que des partenaires occupent une partie du territoire d’un autre partenaire, aussi petit ce territoire soit-il. La Grande-Bretagne n’entend pas céder le moindre grain de sable sur la plage de Gibraltar, et depuis plus de 5 décennies, les deux Etats mènent des négociations bilatérales qui n’ont pas pu résoudre cette question. Aujourd’hui, l’Espagne craint que le Brexit puisse sceller le sort de Gibraltar définitivement. Ainsi, Madrid insiste pour qu’un éventuel accord sur le Brexit comporte une annexe qui définirait clairement le futur statut du rocher des singes qui surplombe la Méditerranée. Theresa May, elle, ne veut pas en entendre parler. Mais Josep Borrell, le ministre des affaires étrangères espagnol, a été clair : sans accord sur la question de Gibraltar, pas d’aval espagnol pour un éventuel traité sur le Brexit. Ce qui équivaudrait à un « Brexit dur » et désorganisé et un retour à la case départ. Et une nouvelle fois, Gibraltar joue un rôle très important dans l’histoire de notre continent.

Quelles sont les options ? – A quelques jours des négociations finales entre la Grande-Bretagne et l’Union Européenne, il est clair que la question de Gibraltar ne pourra pas être résolue dans le 96 heures qui viennent. Par conséquent, Theresa May devra encore une fois faire une concession et accepter le contraire de ce qu’elle avait annoncé – l’exclusion de Gibraltar des provisions de l’accord. Initialement, Theresa May avait insisté sur le fait que le « deal » à conclure devrait obligatoirement inclure Gibraltar et les territoires d’outre-mer britanniques. Est-ce que le parlement britannique appréciera ? L’opposition à Theresa May grandit quotidiennement, y compris dans son propre parti, les Tories. Une concession concernant Gibraltar verserait de l’huile dans le feu de ceux qui lui reprochent de ne pas agir assez fermement et pourrait constituer la goutte qui fera déborder le vase.

Mais quand est-ce que le gouvernement britannique se réveillera, prendra acte que la majorité des Britanniques ne souhaite plus quitter l’Union Européenne, acceptera que les Britanniques réclament un « Final Say Referendum » leur permettant de rejeter en bloc tout le projet du Brexit ? Mais la raison semble avoir quitté le gouvernement britannique. Il n’y a pas que les macaques sur le rocher de Gibraltar qui se grattent la tête…

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