Le Roi des Belges Philippe au Conseil de l’Europe à Strasbourg

Le Roi Philippe de la Belgique a tenu un discours clair devant le Conseil de l'Europe. Maintenant, on attend du concret. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Un véritable roi à Strasbourg ! Même à Strasbourg, carrefour des nations, on en voit pas tous les jours… et surtout pas un monarque éclairé et tellement au courant des problèmes de notre époque. Ceux qui s’attendaient à un discours de politesse du Roi Philippe, étaient surpris – le discours du Roi Philippe comportait une véritable critique de la politique actuellement menée par l’UE et un appel de changer (un peu) de cap.

Bien sûr, le Roi Philippe faisait allusion aux drames à répétition dans la Méditerranée en déplorant «trop de situations où des hommes et des femmes ne sont pas traités avec dignité», mais il ne s’est pas arrêté là, en ajoutant que la misère et les inégalités pouvaient aussi être observées devant notre propre porte. Ainsi, il a appelé les élus de ne pas détourner le regard de la pauvreté, de la précarité et de la solitude, phénomènes qu’il a qualifié «d’insultes aux droits humains».

Très forte, la conclusion du Roi des Belges : «Nos prédécesseurs ont construit patiemment un édifice de démocratie et d’Etat de droit. En instaurant les droits de l’homme, ils ont voulu pérenniser cet édifice en assurant à l’être humain la place centrale qui est la sienne. Il nous incombe à notre tour de consolider et d’améliorer cet héritage. Nous avons le devoir d’en prendre à cœur les valeurs sous-jacentes et de leur donner corps dans une société décente».

Cet appel sous-entend que l’Europe millésime 2015 ne correspond plus aux critères voulues par les pères-fondateurs de l’Union Européenne. Mais le Roi Philippe n’avait pas à aller plus loin dans son discours, on avait compris – moins de marché, plus d’humanité, tel est le leitmotiv que le Roi Philippe voudrait bien faire appliquer en Europe.

Seul bémol – lorsque les chefs dont appel aux autres chefs pour changer le cours des choses – qui finira par opérer les changements ? Sans action concrète qui devrait suivre de tels discours, les discours resteront – des discours. Faciles à prononcer, n’engageant personne à rien. Le Roi des Belges aurait été le «Roi de Strasbourg» s’il avait annoncé des mesures concrètes dans son propre pays, histoire de donner l’exemple. Et puisqu’il est Roi, il devrait être en mesure de lancer des opérations, même symboliquement.

Voilà un autre problème des grandes institutions européennes – elles sont tellement grandes que chacun pense que les autres agirons. Et à la sortie, personne n’aura agi. Si ceci n’enlève rien à la qualité de l’intervention du Roi Philippe, il reste le sentiment que l’Europe sera la même, aussi après ce discours. Une Europe qui ne respecte pas les individus, qui pousse ses citoyens à la précarité, qui agit pour le compte d’intérêts opaques, qui n’est pas transparente et qui laisser des êtres humains se noyer en Méditerranée. Il faudra bien plus que ce discours pour faire renaître la confiance des citoyens en leurs institutions européennes. Une confiance que les citoyens ont déjà perdue. Pour cause.