Le rôle des médias dans les crises actuelles
En début de l’année, nous étions «tous Charlie». Depuis, les grands médias excellent dans une désinformation destinée à soutenir une politique qui se dirige contre les peuples.

(KL) – Ce sont les médias qui font la pluie et le beau temps. Que ce soit dans le dossier de la Grèce, en ce qui concerne le problème des réfugiés, les scandales d’espionnage qui sont dilués dans des débats techniques jusqu’á ce que les gens s’y désintéressent totalement et il en sera de même avec l’actuel scandale concernant la procédure pour «haute trahison» qui frappe deux journalistes berlinois. Le tout sous couvert d’un «journalisme objectif et neutre» qui n’est autre que de la propagande.
En regardant les scandales de la seule année 2015, on s’étonne que les responsables politiques soient encore sur leurs postes. Face à la défaillance frappante de la classe politique, ce n’est que grâce aux médias de masse que les citoyens et citoyennes ne lancent pas des révolutions pour renverser ceux qui actuellement, conduisent l’Europe et le Monde vers le gouffre.
La désinformation par les médias de masse est surprenante, tellement elle est lourde. On nous a dessiné une image de la Grèce qui fait la fête sur la plage, qui ne travaille pas, qui veut vivre sur le dos des contribuables européens. Le quotidien BILD avait lancé une campagne invitant les allemands à se photographier avec la «Une» du journal qui titrait «Plus de milliards pour ces grecs avides» – et le même journal (tirage 2,2 millions d’exemplaires) ne cesse de vociférer contre les réfugiés des Balkans, répétant à souhait que «le bateau est plein».
En ce qui concerne les scandales d’espionnage, d’une gravité extrême puisque les services allemands avaient espionné l’Elysée, la Commission Européenne ainsi que des entreprises dans différents états européens pour le compte de la NSA américaine, ces scandales ont été étouffés. Plus personne n’en parle, le scandale s’est dilué jusqu’à ce qu’il soit tombé dans les oubliettes.
Idem en ce qui concerne la politique européenne en matière des réfugiés de la Méditerranée. Les quotas sur lesquels les états européens n’ont pas pu se concerter ? Un non-sujet. L’abandon de l’opération «Mare Nostrum» ? Trop technique, un non-sujet.
Et il en va de même pour ce nouveau scandale, cette attaque sur la liberté de la presse en Allemagne. Deux journalistes ayant publié sur leur site «https://netzpolitik.org» des documents internes du service secret («Verfassungsschutz») qui détaillent les plans pour élargir la surveillance des citoyens sur Internet, sont accusés de «haute trahison». Si le public n’avait pas réagi de manière surprenante, en protestant haut et fort, ce scandale n’aurait même pas pu devenir un scandale. Mais face à ces réactions, la politique s’est d’abord distancée du procureur général fédéral Harald Range qui finissait par se faire limoger, pour ensuite entrer dans des débats interminables concernant la «responsabilité politique» de cette procédure. Faut-il virer aussi le ministre compétent, le Garde des Sceaux Heiko Maas ? Ou bien, faut-il licencier le chef du «Verfassungsschutz» Hans-Georg Maaßen ? Le monde politique s’est lancé dans une surenchère de déclarations de «political correctness», tout en fermant les yeux devant le fait que la procédure pour «haute trahison» suit son cours.
Il est temps que l’Allemagne se dote d’un grand média vraiment indépendant comme «Mediapart» en France. En léchant les bottes du pouvoir, les grands médias allemands se décrédibilisent tout seuls et ne doivent plus s’étonner qu’ils perdent un nombre croissant de lecteurs, d’auditeurs, de spectateurs. Lorsque l’on abuse de son pouvoir pour ne plus informer le public, mais pour faire ce type de propagande, on perd sa raison d’être.
Et il est lamentable que l’élan de solidarité après les attentats de Paris se soit aussi vite estompé. Non, nous ne sommes pas «Charlie», les médias indépendants essuient des attaques, et nous sommes réduits à la consommation d’intox par les grands médias. Vivement que cela change en Allemagne – avant qu’il ne soit trop tard.
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