Le salaire minimum : thème de campagne au Portugal ?

Le salaire minimum fait l'objet de débats - sera-t-il un thème de campagne lors des présidentielles au Portugal ?

Avec le salaire minimum, le portefeuille n'est jamais très épais... Foto: Santeri Viinamäki / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le 26 septembre, Marisa Matias, eurodéputée portugaise et candidate du Bloc de Gauche (BE) à la présidentielle 2021, déclarait, lors du congrès de la Confédération Générale des Travailleurs Portugais (CGTP), que l’augmentation du salaire minimum national est plus qu’une simple revendication, mais un moyen de lutte contre la crise. Selon elle, le Portugal est à la traîne sur ce sujet, mais elle n’avance pas de proposition chiffrée, disant que les discussions prendront du temps.

Une attitude responsable car, les avancées sociales pouvant aussi s’obtenir par la négociation, il n’est alors pas très utile de se braquer sur des chiffres, des formules ou des symboles. Ce que l’eurodéputée et aspirante à la présidence du Portugal a visiblement assimilé. Ainsi, dans un autre registre, tel que la crise sanitaire, elle souligne à propos de la pandémie restreignant les manifestations, que celle-ci ne met pas fin à la politique, mais la rend plus exigeante. Nous voici bien loin de certaines postures doloristes typiquement françaises !

Pour mémoire, Marisa Matias avait, lors de l’élection présidentielle de 2016, obtenu 10,13% des suffrages exprimés, ce qui l’avait placé en troisième position. Marcello Rebelo de Sousa (PSD), l’actuel président, avec ses 51,99% des suffrages exprimés, gagna ensuite une cote de popularité jamais égalée grâce à son attitude profondément humaine lors des incendies de forêt de 2017. Selon un sondage diffusé par l’agence Lusa mi-septembre, il est aujourd’hui apprécié par plus de 80% des Portugais, ces derniers souhaitant vivement le voir briguer un second mandat.

Le salaire minimum, augmenté de 6% en 2020 par le Gouvernement Costa, est au Portugal de 740€ brut. Augmentation à laquelle s’opposa en vain la Confédération des Entreprises Portugaises (CIP). Or, la Confédération Générale des Travailleurs Portugais (CGTP), principale organisation syndicale du pays, juge ce montant insuffisant. Analyse d’autant plus juste car, si le coût de la vie y est plus intéressant qu’en France pour les denrées alimentaires, les budgets à allouer aux moyens de transport se situe presqu’au même niveau qu’en France.

Une étude concluait en 2019 que si d’une manière générale, à salaire égal, le coût de la vie était moins cher au Portugal qu’en France, pour les salariés payés au salaire minimum, le rapport s’inversait. Il va alors sans dire que, Covid-crise aidant, la question du salaire minimum reviendra lors des débats en vue du scrutin de janvier 2021. Un humaniste tel que Marcello Rebelo de Sousa ne pourra pas décemment faire l’impasse sur ce sujet.

Contrairement à la France, le régime semi-présidentiel portugais limite le pouvoir du locataire du Palais de Bélem. Cependant, comme Marcelo Rebelo de Sousa l’a montré à plusieurs reprises, il lui est parfaitement possible de développer une grande influence. Alors quelle que soit l’issue de cette élection, souhaitons vivement pour les Portugais, que le salaire minimum bénéficie d’une nouvelle augmentation en 2021.

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