Le sang des Torres

En Catalogne, les Torres ont dans le sang, l’amour de la vigne et du vin, mais leur réussite ne les fait pas pour autant oublier les plus démunis.

Alt Penedès, l’un des vignobles à l’origine de Bodegas Torres. Foto: Alberto-g-rovi / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(Jean-Marc Claus) – Distribuant ses vins dans plus de 140 pays, distinguée en 2006 comme « Cave Européenne de l’Année » par le magazine Wine Enthusiast, plus grand domaine viticole d’Espagne, vignoble le plus étendu détenant la Denominación de Origen (DO), Penedès, la société Bodeggas Torres possède également des vignes dans les zones aux appellations protégées Conca de Barberà, Toro, Jumilia, Ribeira del Duero, Priorat et Rioja.

Son fondateur Jaime Torres avait émigré à Cuba, où il fit fortune dans le pétrole et le commerce maritime. Revenu au pays quinze ans plus tard, il s’associa avec son frère en 1870 pour faire prospérer, en Catalogne, le domaine viticole familial à Vilafranca de Penedès. Aujourd‘hui, Miguel A. Torres est à la tête de l’entreprise. Il possède également un vignoble de 65 ha dans la Vallée de Curicó au centre du Chili, acquis en 1979 et auquel il associe 215 ha dont il est locataire. Il travaille aussi avec sa sœur Marimar Torres, qui détient depuis 1986, un domaine de 24 ha en Californie.

Miguel A. Torres a suivi un cursus universitaire à partir de 1957, qui l’a conduit de Barcelone à Dijon, pour le ramener en 1962 au sein de l’entreprise familiale. Au début de la quarantaine, il est revenu en France de 1982 à 1943, pour se former à l’Université de Montpellier dans les domaines de l’œnologie et de la viticulture. Il est l’auteur de sept livres sur le vin, dont « Viña y Vinos » quatre fois réédité, traduit en français, anglais, allemand, norvégien, finnois, japonais et évidemment, en catalan.

Sa femme, l’artiste Waltraud Maczassek, qu’il a épousé en 1967, fut durant 25 ans en charge du marché allemand. Jouant aussi la carte de l’Europe, bien avant la création du Programme Erasmus, elle a étudié les beaux arts à Wiesbaden puis Barcelone. De leurs trois enfants, Miguel et Mireia travaillent dans l’entreprise familiale, et Ana a pris une voie différente pour devenir chirurgienne plastique.

Une orientation tournée vers les autres, comme la Fundación Familia Torres, crée en 1986 et actuellement dirigée par Mireia Torres Maczassek. L’idée de départ étant de rendre à la société ce qu’elle a apporté à la famille, cette fondation a jusqu’ici collaboré à plus de 400 projets, avec des organismes publics et privés, dans le monde entier. Sa priorité est de protéger les enfants en situation de précarité et de contribuer à leur éducation, mais elle apporte aussi de l’aide aux femmes victimes de violences de genre, et soutient l’accès à la culture pour tous.

Le vignoble familial produit en Espagne entre autres cépages, du Cabernet Sauvignon, du Grenache (Granacha Tinta), du Mourvèdre (Monastrell), du Carignan (Mazuelo) et du Pinot Noir. Pour le Sauvignon Blanc, cépage dont la présence en Espagne étonne toujours, la famille Torres fut pionnière à la Finca Fransola. Aujourd’hui, ce domaine minuscule de 25 ha, figure sur toutes les cartes spécialisées.

Des nombreux vins sortant des caves de la famille Torres, il en est un que beaucoup d’Européens connaissent : le Sangre de Toro, qui rend hommage à Bacchus surnommé Fils du Taureau et qui existe maintenant aussi en rosé (cépages Grenache, Carignan, Syrah et Tempranillo) et blanc (cépage Parellada). Créé par Miguel Torres père, dans les années 1950, l’original bénéficie d’une Denominación de Origen (DO). Ce vin rouge (Tinto) supportant sans difficultés son association au gibier, est un assemblage de Grenache et Carignan, pouvant atteindre les 14,5° d’alcool. Sa vinification impose un repos de six mois, dans des barriques en chêne américain. On le trouve dans de nombreux magasins, à des prix très variables, car il existe en plusieurs niveaux de qualité.

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