Le SARS-CoV-2 a fait halte à Alcáçovas

La résidence pour personnes âgées d’une commune du Sud du Portugal, a perdu plus d’un tiers de ses résidents.

Le train de la mort a fait halte à Alcáçovas. Foto: Nuno Morãno / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Fin décembre 2020, l’agence de presse « Lusa » annonçait le premier décès d’une pensionnaire de la « Santa Casa de Misericórdia », à Alcáçovas. Cette résidence pour personnes âgées sise dans un village de l’Alentejo, au Sud du Portugal, compte maintenant près de 40 résidents n’ayant pas survécu à la Covid-19…

N’en déplaise aux corona-négationistes et autres querdenker, quand une maladie infectieuse entre dans une institution hébergeant 108 résidents, qu’une centaine est infectée et près d’une quarantaine en décède, on a tout de même affaire à quelque chose de bien réel et de très grave.

Les personnels, dont le nombre avoisine la centaine, ne comptent heureusement pas de décès dans leurs rangs, mais dénombrent, malgré les mesures de prophylaxie mises en œuvre très tôt, plus de 40% de cas positifs. Ce qui a nécessité l’intervention de renforts, obtenus par l’État et auprès de sociétés d’intérim.

Dans ce village appartenant à la commune de Viana do Alentejo, les deux milliers d’habitants qui y résident en permanence, sont sous le choc. Épargnés par la pandémie jusqu’à l’hiver dernier, ils avaient surnommé le virus « o bicho » (la bestiole), pensant qu’avec un peu de chance, il ne viendrait pas jusqu’à eux.

Et bien, le Sars-CoV-2 est non seulement arrivé à Alcáçovas, mais il s’y est aussi installé. Un octogénaire interrogé par les journalistes de Lusa dit : « O nosso lar levou ali uma cresta ». Ce qui signifie « Notre maison a pris un panier », soit en clair, « une claque ». La gifle est d’importance, au regard de la récolte de cas positifs et de décès tombant dans le « panier » de la « bestiole ».

Évidemment, une quarantaine de décès sur environ 2.000 habitants, cela représente 2% de la population. Mais au sein de cette institution hébergeant des personnes âgées, la proportion dépasse les 35%. Or, à Alcáçovas, tout le monde se connaît, et les résidents de la « Santa Casa de Misericórdia » sont intégrés à la vie du village, au point qu’à chaque décès, c’est l’ensemble de la commune qui est endeuillée.

Avec des pointes de cinq décès et trois enterrements par jour, les nerfs des employés municipaux ont été mis à rude épreuve. La peur a gagné la population, mais pas au point d’imposer la règle du chacun pour soi, le « chacun chez soi » étant une mesure de prophylaxie assez éprouvante pour les populations du Sud de l’Europe où la convivialité est habituellement de mise.

Manuel Calado, le maire de la commune, ne perd pas espoir, mais le drame vécu par la population, ne sera pas juste une péripétie dans l’histoire du village. Un village où, pour mémoire, fut signé en 1479 un traité mettant fin à la Guerre de Succession de Castille, avec notamment pour conséquences, le maintien de la souveraineté de la Castille sur l’Archipel des Canaries, ainsi que celle du Portugal sur les Archipels de Madère, des Açores et du Cap Vert.

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