Le « SeProNa », police environnementale espagnole

Une unité spécialisée de la Guardia Civil traque les crimes environnementaux.

Les enquêteurs du "SeProNa" se déplacent à moto pour se rendre rapidement dans des sites peu accessibles aux voitures. Foto: Antonio Vera / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Faisant partie, avec la Suède, des deux seuls pays disposant d’un Parquet Environnemental, l’Espagne a créé le sien en 2006. Cependant, la volonté de dédier des équipes d’enquêteurs à ce que l’on appelle aujourd’hui les crimes environnementaux remonte au siècle dernier. C’est ainsi qu’en 1988, la Guardia Civil inaugura le « SeProNa » (Servicio de Protección de la Naturaleza) que l’on peut voir à l’œuvre sur une photo d’archives datant de 1989 en cliquant ici.

Bien avant 1988, un siècle plus tôt, par un arrêté royal du 7 juin  1876, la Guardia Civil s’est vue confier une mission supplémentaire : la police rurale et forestière. Elle était chargée, entre autres, de la protection des forêts publiques et de la prévention de l’exploitation clandestine de ses ressources, ainsi que de la prévention des incendies. Actuellement, la forêt couvre 45% du territoire espagnol, contre près de 30% pour la France Métropolitaine. C’est en 1986 que cette mission a été étendue à la protection de l’environnement en général, d’où la création de la « SeProNa » deux ans plus tard, et donc la présence de certains de ses agents dans 9 des 15 parcs nationaux du pays.

L’unité centrale opérationnelle (UCOMA) soutient les unités provinciales maillant le territoire tant continental qu’insulaire. Une petite vidéo de la Guardia Civil disponible en cliquant ici montre ses agents à l’œuvre. Ces enquêteurs ne s’ennuient jamais, car leurs terrains d’investigation sont des plus variés. Ainsi ont-ils, en 2019, traité plus de 107.000 infractions et procédé à 4.234 arrestations. Les coopérations du « SeProNa » avec les services d’autres pays sont multiples : Europol, Interpol, gendarmeries portugaise, française, italienne, marocaine, police nationale colombienne…

En juillet 2020, le « SeProNa » a, dans le cadre d’une coopération internationale, démantelé un réseau impliqué dans le trafic international d’espèces protégées. Une affaire de plus d’un million d’euros impliquant 23 personnes qui s’adonnaient dans le Sud de l’Espagne notamment à l’élevage d’aras, de perroquets et de cacatoès, qui étaient revendus au Maroc. De l’autre côté de la Méditerranée, la Gendarmerie Royale Marocaine a pleinement coopéré au démantèlement de ce réseau. Côté Union Européenne, Europol a apporté son soutien technique.

Dans un autre domaine, les enquêteurs du « SeProNa » ont arrêté 5 directeurs d’une entreprise sévillane spécialisée dans le recyclage électronique. Ces citoyens peu scrupuleux, en charge notamment de la collecte et du recyclage des gaz réfrigérants dans toute l’Andalousie, les laissaient tout simplement se disperser dans l’atmosphère. Une opération qui a duré 3 ans, car des transferts transfrontaliers illégaux de déchets y étaient associés, ainsi que du blanchiment d’argent. En tirant sur un fil, les enquêteurs ont fait une pelote d’une valeur de 16 millions d’Euros.

Les Gardes Civils du « SeProNa » assurent aussi des missions de sauvetage, comme par exemple à La Rioja, dans le Nord du pays, où ils ont, cet été, secouru un automobiliste coincé avec son SUV dans le lit du Río Cidacos dans la commune d’Autol.

La surveillance de la pêche fait également partie des attributions de ces enquêteurs. C’est dans ce cadre qu’en avril 2020, sur l’île de La Gomera (Canaries), qu’ils ont interpellé à Playa de Santiago un équipage utilisant du matériel illégal. La saisie de 65 kg de poissons a été remise à des maisons de retraites de l’île. Cependant, cette prise ne représente même pas le quart de la découverte en février dernier au sud de l’île, d’un filet illégal ayant capturé 288 kg de poisson. Délits pouvant coûter jusqu’à 60.000 Euros, selon leur gravité.

De multiples actions qui ont valu aux 2.000 Gardes Civils du « SeProNa » fin 2019, de voir leur service récompensé par le Prix des Droits Humains du Conseil Général des Avocats Espagnol. En une année, 80% des 3.000 crimes environnementaux constatés ont été élucidés. Lors de son discours, le général Antonio Tocón, chef du « SeProNa », a aussi souligné le travail pédagogique réalisé par les Gardes Civils allant des interventions dans les écoles élémentaires jusqu’aux cours dans les universités.

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