Le silence assourdissant de l’Europe

Face au massacre perpétré par Israël contre les Palestiniens, le silence européen est insupportable. Critiquer Netanyahu, ce n’est pas de l’anti-sionisme : c'est du bon sens.

Dynamisme, détermination et charisme - l'Europe a de la chance d'être représentée par ce duo ce choc Juncker - Mogherini... Foto: ScS EJ

(KL) – Donald Trump et Benjamin Netanyahu sont en train d’anéantir tous les dialogues de paix des dernières années. En installant l’Ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, Trump a certainement satisfait certains organismes de pression new yorkais ayant largement contribué au financement de sa campagne, mais en même temps, cette provocation rallume le feu entre l’Israël et les Palestiniens. L’Europe, très occupée à s’autocélébrer ces jours-ci avec sa « Fête de l’Europe » fait ce qu’elle fait le mieux face aux grandes crises mondiales : elle regarde ailleurs.

Il est vrai que le conflit entre Israël et la Palestine est délicat. Surtout en Allemagne où la protection de l’état d’Israël relève carrément de la doctrine d’état, vu le poids de l’Histoire. Mais on peut parfaitement être pro-israélien et critiquer la politique brutale de Benjamin Netanyahu et de son ami Donald Trump. Plus de 50 morts lors des affrontements entre militaires israéliens et manifestants palestiniens, cela s’appelle un massacre.

L’Europe institutionnelle se limite, comme toujours, à exprimer « son inquiétude », en lançant des appels mous, à s’occuper d’autre chose. Comme si le conflit au Proche et Moyen Orient ne nous concernait pas. Pourtant, des avions européens bombardent des cibles en Syrie, et plusieurs pays européens font partie des belligérants dans la région. Donc, on baisse la tête, on déplore les victimes, mais pas les raisons de cette provocation israélo-américaine, et on attend tranquillement ce qu’il se passera.

Les relations entre les Etats-Unis et les USA de Donald Trump sont tendues. Mais ce n’est pas une raison de se joindre clandestinement à cette politique de « Far West » qui fonctionne à coups de bombardements et d’autres agressions. L’Europe doit enfin s’affirmer comme une entité à part, non pas comme une sorte de caniche des Etats-Unis.

Est-ce que le comportement d’Israël de Benjamin Netanyahu peut se justifier par le poids de l’Histoire ? Non, bien sûr que non. Le peuple juif, victime de terribles crimes dont la Shoah, est un peuple éprouvé. Mais est-ce que cela lui donne le droit de se comporter comme ceux qui l’ont persécuté, torturé, chassé et assassiné pendant des millénaires ? En principe, le monde entier (même l’Arabie Saoudite !) reconnaît la « solution à deux Etats » (l’Etat d’Israël et l’Etat palestinien) comme la seule issue de cette situation. Donald Trump et Benjamin Netanyahu sabotent cette solution avec cette provocation déclinée en massacre.

Il faudra maintenant que l’Europe se fasse entendre, que l’Europe signale clairement aux deux « cowboys » qu’ils ne passeront pas avec cette politique de la violence et de la brutalité. Seul problème : la mollesse des cadors européens. Jean-Claude Juncker et Federica Mogherini n’ont ni le poids, ni la crédibilité pour peser sur une telle situation. C’est bien d’organiser des « Fêtes pour l’Europe ». Il serait encore mieux si l’Europe était à la hauteur de ses propres ambitions comme fief des Droits de l’Homme. Pour l’instant, nous en sommes loin…

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