Le songe d’Ariana

Une équipe de chercheurs barcelonais, stimulée par l’engagement une jeune patiente, développe une thérapie innovante.

L’Hospital Clínic de Barcelone, où travaille l’équipe du professeur Carlos Fernàndez de Larrea. Foto: Jordiferrer / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – A l’Hospital Clínic de Barcelone, Noël est arrivé une semaine avant la date officielle. Comme le rapportait El Pais, un traitement expérimental a permis une rémission complète à dix-huit patients atteints de myélome multiple. Ce cancer prenant naissance dans les plasmocytes, ces globules blancs chargés de fabriquer les anticorps, est réputé incurable.

Ou plus exactement était réputé incurable, jusqu’à ce que des chercheurs dans le monde, et plus particulièrement en Espagne le professeur Carlos Fernàndez de Larrea, annoncent lors d’une conférence de presse, la rémission totale de dix-huit des trente patients ayant participé à l’essai clinique de la thérapie expérimentale ARI-0002h. Soit un taux de réussite de 60% pour une pathologie dont la survie à cinq ans est d’environ 50%.

Rémission signifie disparition des signes, mais pas encore guérison, ainsi, l’équipe de chercheurs de l’Hospital Clínic de Barcelone reste prudente, mais il y a là un formidable espoir pour toutes les personnes touchées par cette maladie. Procédant des thérapies géniques CAR-T (Chimeric Antigen Receptor – T), ce traitement consiste à prélever des lymphocytes T chez le patient, puis lui réinjecter après les avoir équipés de molécules CAR les rendant aptes à reconnaître et tuer les cellules malignes.

Développées par des laboratoires tels que Bristol Meyers Squibb et Janssen, ces thérapies existent déjà, mais sont très onéreuses . Soit 300.000€ par patient, selon le professeur Carlos Fernàndez de Larrea dont l’équipe compte, comme pour la précédente mouture nommée ARI-0001 revenant à 90.000€ par patient, mettre sur le marché un traitement encore mois coûteux. Ce programme de recherche a été financé par des fonds publics, auxquels se sont ajoutés cinq millions d’euros de la Fondation Caixa, fondation de la première caisse d’épargne d’Europe et troisième banque d’Espagne.

En plus des 60% de rémission complète, 75% des patients répondent positivement au traitement après un an. Le projet ARI, qui a donné naissance aux thérapies dont ARI-0001 était la première CAR-T européenne autorisée en février 2021 pour la Leucémie Aigüe Lymphoblastique (LAL), tient son nom d’Ariana Benedé Jover, une figure de proue de la recherche en matière de thérapies innovantes.

Diagnostiquée LAL à l’âge de treize ans, alors qu’elle rentrait d’un séjour à Dublin, elle a été traitée par chimiothérapie pendant un an et demi, puis a bénéficié d’une greffe de moelle osseuse. Durant quatre ans, avec l’aide de sa mère Àngela Jover, elle a collecté des fonds pour contribuer au développement de thérapies alors non encore homologués en Europe. Elle rêvait ainsi d’apporter à l’Espagne, les traitements CART disponibles seulement aux USA où ils étaient hors de prix.

Décédée en 2016, à l’âge de dix-huit ans, elle a laissé en héritage à tous ceux qui ont suivi son parcours et à tous les autres, l’espoir dans la recherche qu’elle a toujours soutenu. Ariana est l’âme du projet ARI (Assistència-Recerca-Intensive), baptisé ainsi par rapport au diminutif de son prénom, et pour lequel avec sa mère qui a pris la suite, elle a collecté 1,8 millions d’euros auprès d’entreprises, de fondations, d’associations et de particuliers. Le songe d’Ariana, n’est plus du seul domaine du rêve.

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