Le SPD. A gauche. Un peu.

Le SPD vient de se donner une nouvelle direction et établit un nouveau programme radicalement à gauche. Pour le mettre en œuvre, le SPD compte sur la CDU...

La nouvelle direction du SPD est très contente. Mais comment va-t-elle faire pour réaliser son projet ? Foto: ScS EJ

(KL) – Le congrès du SPD à Berlin a donné naissance à un retour vers des valeurs de la « gauche » pour le parti qui, usé par les années passées comme partenaire junior de la CDU d’Angela Merkel, doit se réinventer. Avec des postulats très sociaux et très à gauche, il compte reconquérir un électorat qui l’a déserté massivement. Seul bémol – le SPD ne veut pas sortir de la CDU, mais on a du mal à s’imaginer comment il veut mettre en œuvre ce programme aux côtés de la CDU, au sein de la Grande Coalition que le SPD ne veut, finalement, pas quitter.

Un impôt sur les fortunes dépassant les 2 millions d’euros, une allocation de 250 € par mois pour chaque enfant, la fin de la politique du « zéro noir », comprendre : la fin de l’austérité Merkel / Schäuble et des investissements massifs de l’Etat, des investissements dans la protection du climat ou encore un contrôle rigide de la spéculation immobilière pour garder les loyers à un niveau supportable : voilà les postulats du « nouveau SPD ». Un seul point pourrait se réaliser avec le partenaire de la « Grande Coalition » : les investissements dans la protection du climat qui, par ailleurs, ont déjà été annoncés sur le principe par les deux partenaires de la « GroKo », bien avant ce congrès à Berlin.

Pour le reste – impensable que la CDU joue le jeu. Un impôt sur la fortune constituerait un pêché majeur pour l’électorat de la CDU et la politique du « zéro noir » constitue le credo de la chancelière Angela Merkel. Difficile à imaginer que le SPD, qui se situe à un pauvre 14% dans les intentions de vote, puisse réussir à transformer la CDU en une sorte de soutien pour des idées social-démocrates. Les réalités sont diamétralement opposées – c’est le SPD qui aide la CDU à mener sa politique et ce, depuis de longues années.

C’est la peur d’une implosion qui a motivé le SPD à ne pas se pencher sur l’option d’une sortie de la « Groko » à Berlin – car tous les sondages sont unanimes : en cas d’élections anticipées, le SPD ne ferait même plus partie d’une coalition gouvernementale. Mais en restant dans la coalition avec les conservateurs, il semble évident qu’aucun des postulats « gauches » du SPD ne pourra être mis en œuvre. Que faire alors ?

Si de nombreux délégués du congrès ont tenu un discours assez radical, cette radicalité risque de rester de la cosmétique. Il est facile de formuler des postulats lorsqu’on sait que leur mise en œuvre ne sera pas possible. Bien sûr, le SPD pourra ensuite blâmer la CDU et espérer que les électeurs et électrices s’en souviendront lors des prochaines élections générales, mais cela est tout sauf sûr.

La meilleure option pour le SPD, celle que Martin Schulz avait déjà prônée après la déconfiture aux élections en 2017, à savoir de passer une législature dans l’opposition, le temps de se refaire une santé, n’a même pas été discutée à Berlin. Pourtant, pour regagner la crédibilité dans son électorat, la sortie de la Grande Coalition aurait été nécessaire. 4 ans d’opposition à défendre son nouveau programme social, en travaillant l’image d’un parti de « gauche », auraient fait le plus grand bien au SPD. Retravailler son profil en continuant à œuvrer dans des compromis tièdes avec la CDU d’une Angela Merkel en fin de course et d’une Annegret Kramp-Karrenbauer dont 85% des Allemands ont une mauvaise opinion, cela rendra ce nouveau programme du SPD tout sauf crédible.

Oui, le discours du SPD a changé en l’espace de quelques jours. Mais tant que le parti n’ouvre pas une voie qui permettrait plus tôt ou plus tard de réaliser les jolis projets annoncés, ce nouveau programme restera ce qu’il est aujourd’hui – de la communication politique à laquelle on peut croire ou non. Si, en revanche, le SPD devait réussir à progresser sérieusement sur ce programme social, il pourrait redevenir une alternative électorale. A suivre.

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