Le SPD veut mettre en œuvre un ISF allemand

Le SPD, ancien grand parti allemand, a découvert le sujet des inégalités sociales – le cheval de bataille de la social-démocratie allemande depuis 150 ans. Manœuvre électorale ou changement de politique ?

Karl Lauterbach est le premier SPD depuis longtemps à lancer un vrai projet de justice sociale. Foto: Petra Klawikowski / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – A quelques jours de deux des trois élections régionales dans les Länder de l’Est de l’Allemagne et en pleine phase de recherche de sa nouvelle direction, le SPD se penche sur la question d’un « impôt sur la fortune » qui concernerait les plus riches en Allemagne. C’est du moins ce que propose l’un des candidats à la présidence du SPD, Karl Lauterbach qui, pour y arriver, propose en même temps de quitter la « GroKo », la coalition avec la CDU/CSU et de s’allier aux Verts. Seul problème, le SPD ne représente même plus un partenaire de coalition intéressant pour les Verts – dans la situation actuelle, les deux partis ensemble ne dépasseraient pas les 35% des intentions de vote.

„Il s’agit de justice sociale“, a indiqué Karl Lauterbach, l’un des nombreux candidats à la présidence du SPD, dans une interview ; et on aurait presque la sensation que le SPD commence à se souvenir de son passé et de son identité de parti de gauche. Son plan prévoit de taxer à hauteur de 1 à 1,5% les plus grandes fortunes du pays. Seraient taxés par cet « ISF allemand », les fortunes en argent, en immobilier, les actions de sociétés, comme a expliqué un autre cador du SPD, le chef intérim du parti Thorsten Schäfer-Gümbel.

Si les Verts et Die Linke soutiennent une telle proposition, la CDU/CSU s’y oppose fermement, arguant qu’un tel impôt ne conduirait qu’à une « fuite des capitaux ». Un tel « ISF allemand » pourrait rapporter tous les ans environ 10 milliards d’euros, dont l’Allemagne aurait besoin ces prochaines années pour restaurer une partie de son infrastructure et ses écoles, et pour mener des projets environnementaux.

Toutefois, le moment choisi pour cette proposition surprend. A une semaine d’élections que le SPD craint (les sondages ne lui pronostiquent rien de réjouissant), le parti fondé par August Bebel et autres redécouvre son « âme de gauche ». Mais ce timing très électoral mis à part, le SPD lance enfin un projet pour promouvoir l’égalité sociale. Il était temps.

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