Le « suicide politique » de l’Allemagne ?

Le président turc est en colère. Le gouvernement allemand lui a interdit d'organiser un meeting pour ces compatriotes. Depuis, Erdogan ne mâche pas ses mots...

Eh ben non, pas de propagande d'Erdogan en Allemagne. Même s'il est en colère. Foto: Government of Chile / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0cl

(KL) – Le gouvernement allemand a pris la bonne décision en interdisant au président turc Recep Tayyip Erdogan d’intervenir lors d’un meeting qu’il entendait organiser pour ses compatriotes vivant en Allemagne. Pour éviter cette intervention d’Erdogan, le gouvernement allemand avait décrété une interdiction généralisée pour les responsables politiques étrangers d’intervenir lors de meetings en Allemagne. Désormais, toute manifestation de ce type nécessite une autorisation. Depuis, Erdogan et ses portes-paroles ne se calment plus,

« L’Allemagne commet un suicide politique », vociférait Erdogan et un de ses portes-paroles estimait que « cette interdiction était incompatible avec des relations amicales » – en Allemagne, on voit cela autrement. Les relations germano-turc sont effectivement au plus bas depuis l’arrestation du journaliste germano-turc Deniz Yücel et les plans d’Erdogan de réinstaurer la peine de mort en Turquie. Les agissements des services secrets turcs en Allemagne rajoutent également au malaise qui règne entre les deux pays. Le fait que la Turquie ait interdit aux députés allemands de visiter la base militaire de l’OTAN en Turquie, conduisant à la décision du Bundestag de délocaliser cette base vers la Jordanie, a également pesé sur ces relations.

Concernant le journaliste Deniz Yücel, Recep Tayyip Erdogan montre son rapport étrange avec la liberté de la presse. « J’étais très étonné que Madame Merkel inscrive la libération d’un suspect de terrorisme à l’agenda », a souligné Erdogan, estimant qu’un « journaliste qui interviewe un terroriste se rend coupable du soutien du terrorisme » – sachant que les « terroristes » interviewés étaient des Peshmerga kurdes qui sont les seuls dans la région à sérieusement combattre Daesh. Par contre, les rumeurs selon lesquels le clan Erdogan était engagé dans le commerce avec Daesh, n’ont jamais pu être invalidés.

Le gouvernement allemand avait parfaitement raison d’empêcher une manifestation de propagande d’Erdogan en Allemagne. Il ne faut pas donner une plateforme à ce feu follet de la politique internationale qui voulait profiter de sa visite en Allemagne pour continuer son travail de radicalisation des jeunes Turcs issus de la 2e et 3e génération d’immigration.

Qu’il soit heureux qu’on le laissera repartir vers la Turquie après ce sommet G20 – il a de la chance de se rendre dans un état de droit, qualificatif qui ne s’applique plus à la Turquie depuis que le président turc s’est octroyé les pleins pouvoirs. La règle devrait être suivie par toute l’Europe : pas de propagande pour des systèmes totalitaires qui ne respectent pas les Droits de l’Homme sur le sol européen. Ni en Allemagne, ni ailleurs.

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