« Le tourisme strasbourgeois doit se décliner autour du transfrontalier… »

Interview avec la nouvelle Présidente de l’Office du Tourisme strasbourgeois (OTSR), Michèle Kannengieser, maire de La Wantzenau.

Michèle Kannengieser pendant l'entretien avec Eurojournalist(e). Foto: Marine Dumeny / Eurojournalist(e)

(KL) – Jeudi dernier, lors d’une conférence de presse, l’équipe de l’Office du Tourisme de Strasbourg (OTSR) avait présenté les grands axes de la relance du tourisme à Strasbourg. Michèle Kannengieser, la nouvelle présidente de l’OTSR, affiche une nouvelle dynamique prometteuse, entourée de personnes aussi motivées qu’elle. Mais est-ce que cette dynamique suffira pour relancer un tourisme dont personne ne sait à quel moment il pourra reprendre ?

Lors de votre conférence de presse jeudi, vous avez évoqué les grands axes de la relance touristique à Strasbourg. Comment doit se réinventer l’OTSR à un moment où tout pays, toute région et toute ville dans le monde doit se distinguer avec une offre touristique qui retient l’attention des groupes cibles ?

Michèle Kannengieser : Il est évident que nous devrions repositionner la destination « Strasbourg ». Si avant la crise pandémique, nous avons enregistré 4 millions de visiteurs par an, dont 50% de visiteurs étrangers, nous nous trouvons aujourd’hui effectivement dans la même situation que tout le monde – nous aurons besoin de nous démarquer en tant que destination. Pour ce faire, il faut souligner le fait que Strasbourg, l’Eurométropole et les environs disposent d’atouts touristiques uniques qu’il conviendra de valoriser.

A quoi pensez-vous ?

MK : Nous pouvons faire valoir un patrimoine historique, culturel et européen. Notre région du Rhin Supérieur, avec les Vosges et la Forêt Noire, avec le Rhin qui n’est plus un élément qui sépare, mais un élément de liaison entre nos pays propose des attractions touristiques dans un périmètre de 360° et ce, dans une zone de chalandise de 250 kilomètres. Bien entendu, il faut considérer cette situation géographique sous un angle transfrontalier et développer maintenant des offres qui s’adressent aussi à de nouveaux groupes cibles – les jeunes et les familles. Heureusement, nous disposons d’une grande offre en hôtellerie, ce qui nous permettra d’adapter des offres à ces nouveaux groupes cibles, sans pour autant délaisser les touristes qui ont, et qui auront, l’habitude de venir dans notre région.

Dans votre présentation, la perspective transfrontalière joue un rôle particulier. Depuis de nombreuses années, on évoque une offre touristique à l’échelle du Rhin Supérieur, mais dans la pratique, un tel rapprochement n’a jamais eu lieu. Chacune des sous-régions du Rhin Supérieur poursuivant ses propres objectifs. Qu’est-ce qui vous fait penser qu’aujourd’hui, les potentiels partenaires allemands et suisses puissent adhérer à votre démarche ?

MK : Dans le passé, la volonté de développer une perspective touristique transfrontalière a toujours existé, mais elle s’est généralement limitée à une ‘juxtaposition des catalogues’. Désormais, il faudra dépasser ce stade et travailler vraiment ensemble. Je pense, par exemple, à des manifestations locales qui pourraient être ‘exportées’ à l’échelle du Rhin Supérieur, comme le ‘Morgenstraich’ à Bâle ou les Fêtes des Vendanges – ces événements pourraient être organisés en même temps dans plusieurs endroits et être transformés en temps fort dont profiteraient toutes les sous-régions du Rhin Supérieur. De notre côté, nous sommes parfaitement prêts à ‘partager’ aussi nos événements forts – pourquoi ne pas envisager une Fête de l’Europe qui serait célébrée dans toutes les villes du Rhin Supérieur ? Pour y arriver, nous allons travailler avec les acteurs du terrain. Si la Covid nous oblige à être très réalistes et pragmatiques dans nos démarches, on peut considérer cette crise sanitaire aussi comme une opportunité pour nous réinventer et de nous rappeler de nos atouts touristiques – traditions, authenticité, une identité régionale forte et ce, à tous les niveaux. Nous n’avons pas à rougir en ce qui concerne nos atouts touristiques !

Est-ce que les contacts avec les potentiels partenaires allemands et suisses sont déjà pris et le cas échéant, existe-t-il déjà un calendrier ?

MK : Un calendrier sera rapidement mis en place et c’est notre commission 3 qui en a la charge. L’un de mes collègues s’occupera principalement des échanges avec nos partenaires suisses, je m’occuperai moi-même des contacts du côté allemand. Et nous sommes soutenus dans cette démarche. Ainsi, Andrée Buchmann, conseillère municipale de Schiltigheim, a déjà proposé des actions et manifestations autour de l’art brassicole – au vu des nombreuses brasseries dans toute la région du Rhin Supérieur, cela me semble être un très bon sujet.

Dans le passé, cette coopération transfrontalière dans le domaine du tourisme n’a pas vraiment fonctionné. Qu’est-ce qui vous fait croire que maintenant, les partenaires allemands et suisses puisse adopter une perspective commune ?

MK : Aujourd’hui, nous sommes tous logés à la même enseigne et en Allemagne et en Suisse, il faudra également relancer le tourisme. Notre situation géographique étant un atout énorme, tout le monde a intérêt à avancer ensemble et faire valoir nos atouts communs. Nous allons lancer des actions simples, nécessitant peu de ressources, avec une approche pragmatique. C’est aujourd’hui qu’il faut préparer cette relance touristique pour être prêts le moment où le tourisme pourra reprendre. Et on sera prêts !

Madame la Présidente, merci pour cet entretien !

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