Le troisième sexe

La Cour Constitutionnelle allemande a tranché – et donné la mission au législateur d’officialiser le « troisième sexe ». Pour les personnes concernées, cela constitue une avancée substantielle.

La Cour Constitutionnelle allemande a ordonné au législateur d'instaurer le "troisième sexe". Foto: Fibunacci / Wikimedia Commons / PD

(KL) – L’Allemagne officialisera un « troisième sexe » dans le registre de l’état civil. Désormais, les formulaires comporteront une troisième case – après « fille » ou « garçon », il sera donc possible de cocher « divers ». Si la Cour a justifié ses motifs par un texte un peu compliqué, ce changement concerne quelques 160 000 personnes en Allemagne.

« L’identité sexuelle est un aspect constituant de la personnalité d’un individu », a expliqué la Cour, « et par conséquent, elle est protégée par les droits individuels garantis par la Constitution ». Et cela s’applique en toute logique aussi aux personnes qui ne se définissent ni comme un homme, ni comme une femme. Une personne intersexuelle avait portée l’affaire jusqu’à la plus haute instance de la jurisprudence allemande et – elle a eu gain de cause.

Ce verdict est vécu par les personnes concernées comme une petite révolution, un pas énorme en vue d’une plus grande tolérance vis-à-vis de personnes dont la sexualité ne correspond pas exactement aux normes que la société a développées. Quand on pense que l’homosexualité était encore considérée comme un crime il n’y a pas si longtemps que ça, chaque étape vers une société plus tolérante constitue un pas vers un meilleur vivre-ensemble.

Reste la question de la pratique. Le verdict de Karlsruhe vise le registre des naissances, donc des bébés qui viennent juste de naître. Logiquement, à cet âge-là, la question de l’identité sexuelle ne se pose pas et l’indication « fille », « garçon » ou « divers » incombe aux seuls parents. Mais en voyant un nouveau-né, comment décider si celui-ci aura une identité sexuelle « classique » ou « diverse » ? Est-ce que la possibilité de cocher « divers » au nom d’une troisième personne constitue réellement la voie vers plus de tolérance ? Ou est-ce que des parents un peu trop « branchés » risquent d’hypothéquer l’avenir de leurs parents en voulant se distinguer par un petit « divers » ?

Si ce verdict devrait augmenter la tolérance dans la société, ce serait très bien. Mais est-ce que cette tolérance sera vraiment augmentée en désignant désormais des bébés comme « fille », « garçon » ou « divers » ? En tout cas, l’Allemagne n’est pas seule avec cette approche – l’Inde, le Népal, le Pakistan, l’Australie et quelques états des Etats-Unis connaissent déjà un « troisième sexe » dans leurs législation. Et pour l’instant, on n’a pas l’impression que cette législation ait renforcé la tolérance dans ces pays.

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